Publié le 23/02/2011 à 23:09
Les effets thérapeutiques des médicaments antipsychotiques, couramment prescrits dans le cadre de la maladie d'Alzheimer, seraient fortement contrebalancés par la sévérité de leurs effets secondaires. C'est ce que prouve une nouvelle étude publiée dans The New England Journal of Medicine.
La négation de la réalité, ou l'apparition d'une réalité propre au malade, sont des phénomènes fréquents dans la maladie d'Alzheimer. Ainsi, certaines études affirment que près de 70% des patients présentent des symptômes psychotiques tels des idées délirantes ou des hallucinations. "Pour contrôler ces symptômes mais aussi les tendances agressives, les médecins prescrivent très souvent des antipsychotiques qui sont susceptibles de modifier l'activité psychologique et mentale du malade. Très mal tolérés à leurs débuts, ils se sont depuis nettement améliorés", explique le Dr Bier, neurologue à l'hôpital Erasme (Bruxelles).
Et pourtant, aujourd'hui, ce sont ces mêmes antipsychotiques atypiques, dits "de dernière génération", qui sont remis en cause par une étude publiée dans The New England Journal of Medicine. Comment l'étude s'est-elle déroulée? Les médicaments testés étaient l'olanzapine, la quetiapine et la risperidone. 421 personnes souffrant de la maladie d'Alzheimer – et présentant des symptômes psychotiques – ont pris part à l'étude qui a duré 9 mois. Les participants ont été répartis en 4 groupes. Tandis que les trois premiers se sont vus assigner un médicament spécifique, le dernier a reçu un placebo. Résultat: en moyenne après 5 à 8 semaines, 82% des patients ont abandonné leur médication en raison du manque d'efficacité ou des effets secondaires ressentis (somnolence, tremblements, mouvements anormaux…). Néanmoins, les symptômes psychotiques se sont améliorés chez 26 à 32% des participants prenant un antipsychotique (comparativement à 21% dans le groupe prenant un placebo).
Le Dr Schneider, auteur principal de la recherche en conclut: "Les antipsychotiques peuvent aider certains patients mais leur tendance à causer des effets secondaires intolérables contrebalance ces bénéfices, car elle amène les malades à arrêter leur traitement". Il ajoute que leur usage doit ainsi être limité. Et que, s'ils prescrivent ces produits, les médecins doivent surveiller attentivement les patients et changer de médicament après quelques semaines s'ils ne notent pas d'amélioration ou si les effets secondaires sont trop importants. Ce à quoi le Dr Bier répond: "Le message véhiculé par cette étude est positif car, en prouvant que les antipsychotiques ont des limites, ils poussent à chercher d'autres alternatives thérapeutiques. Néanmoins, il ne faut pas que le corollaire d'une telle étude soit de supprimer totalement les antipsychotiques. Car, au cas par cas, ils ont certainement leur place!"
Karell Robert Journaliste santéSources: Schneider, L., The New England Journal of Medicine, Oct.12, 2006; vol 355: pp 1525-1538. News release, University of Southern California
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