Publié le 23/02/2011 à 23:09
Pour beaucoup, la conduite automobile est synonyme d'indépendance et d'autonomie. Mais que dit la législation belge au sujet du patient Alzheimer? Une fois le diagnostic posé, doit-il nécessairement renoncer à son véhicule? Le point avec Guido Baten, responsable du Centre d'Aptitude à la Conduite et d'Adaptation des Véhicules (CARA).
Conduire, une activité complexe
Conduire exige d’être attentif à toutes sortes de signaux simultanément. Il faut surveiller les feux de circulation, le marquage au sol, les panneaux de signalisation, les autres voitures ou les piétons… tout en adaptant sa vitesse. Il est donc essentiel que le conducteur dispose d’une bonne estimation des conditions de circulation, de la mémoire mais aussi de la compréhension du code de la route et enfin de la capacité de se diriger. Malheureusement, la maladie d'Alzheimer va altérer au fil du temps des fonctions indispensables à une bonne conduite automobile comme l’attention, la mémoire ou le jugement.
"En Belgique, un arrêté royal du 23 mars 1998 fixe les normes minimales d’aptitudes à conduire un véhicule motorisé. Cet arrêté spécifie que le titulaire d’un permis de conduire doit restituer celui-ci s’il ne satisfait plus aux normes médicales minimales", explique Guido Baten. Lorsqu’un conducteur est atteint d'une affection neurologique telle que la maladie d'Alzheimer, il doit présenter son permis à l'administration communale dans les 4 jours qui suivent la prise de connaissance de son état de santé.
Cependant, si le patient le désire, il pourra obtenir un permis à validité limitée. Pour ce faire, il doit se rendre au CARA, département de l'Institut Belge pour la Sécurité Routière (IBSR), qui a pour mission d'évaluer l'aptitude à la conduite des candidats qui présentent une diminution physique ou mentale de leurs capacités fonctionnelles. Là, le candidat sera pris en charge par une équipe pluridisciplinaire qui va réaliser une évaluation de la globalité des fonctions physiques et psychiques. Selon Guido Baten, "il apparaît qu'au début de la maladie, les patients Alzheimer sont le plus souvent aptes à conduire leur voiture".
Après une série de tests, le candidat sera emmené dans la circulation afin de contrôler ses réactions. "Nous avons constaté que les patients Alzheimer n’oublient que rarement la fonction de la pédale de frein ou de l’accélérateur. Plutôt que la mémoire, c'est davantage la capacité de jugement qui leur pose problème", développe Guido Baten. "Par exemple, dans un carrefour compliqué, il peut leur arriver de ne plus comprendre le sens de la circulation". Si le candidat réussit son évaluation, il recevra un permis à validité limitée, souvent d’une durée d'un an pour les stades débutants de la maladie. L’aptitude à conduire sera ensuite évaluée très régulièrement jusqu’à ce que le candidat soit déclaré inapte à la conduite. Ce qui, pour une affection dégénérative comme la maladie d’Alzheimer, arrivera tôt ou tard….
En outre, le conducteur qui obtient un permis à validité limitée doit impérativement avertir sa compagnie d’assurances de la modification de son état de santé. Cette dernière est en droit d’accepter ou de refuser d’assurer un conducteur atteint de la maladie d’Alzheimer, et cela quelle que soit l’évaluation du CARA….
Judith Lachterman
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