Publié le 23/02/2011 à 23:10
À un stade avancé de la maladie, lorsque le patient ne parvient plus à reconnaître comme tel son conjoint, ce dernier peut se sentir rejetés et abandonnés. Un scénario qui se complique encore lorsque, placé en maison de repos, le malade noue une relation particulière avec l'un ou l'une de ses voisin(e)s de chambre.
La maladie d'Alzheimer entraîne des problèmes de mémoire et de communication, entrave la réflexion et empêche bien souvent d'entretenir des relations "normales" avec le monde extérieur. Il est donc très difficile d'envisager que deux personnes atteintes de cette maladie à un stade avancé puissent nouer de véritables liens d'amitié ou tomber amoureux. "Imaginez que vous vous réveillez dans un endroit étrange, où vous ne connaissez personne et où les gens qui vous entourent ne vous comprennent pas. Si vous rencontrez quelqu'un qui parle la même langue que vous et qui semble lui aussi perdu, un lien va immanquablement se créer", explique Richard Powers, président du comité consultatif médical de la Fondation Alzheimer aux Etats-Unis.
"Le plus souvent, la relation qui se crée entre deux personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer est liée au fait qu'elles vivent côte à côte et représentent l'une pour l'autre une présence rassurante", ajoute Christian Englebert, directeur de la maison de repos et de soins Les Jardins de la Mémoire. "Je me souviens par exemple d'une dame qui venait rendre visite à son mari placé chez nous. Il reconnaissait son épouse, mais il ne parvenait plus à se souvenir qu'ils avaient été mariés. Au cours d'une visite, ce monsieur a remercié son épouse d'être venue le voir. Il s'est levé, il a pris la main d'une autre dame en face de qui il était toujours assis et il est parti se promener avec elle dans le jardin. L'épouse était en pleurs."
Pour le conjoint comme pour les enfants – qui sont aussi parfois "remplacés" par une aide soignante ou par un ou une autre pensionnaire – ce genre de situation est évidemment extrêmement difficile à gérer. L'aide psychologique apportée par les associations de patients peut donc souvent se révéler utile. "Il faut être conscient que ce sont des choses qui arrivent et ne pas s'en offusquer. On ne peut pas raisonner un patient Alzheimer puisqu'il n'a pas conscience de ce qu'il fait", explique Christian Englebert. Mieux vaut donc opter pour la résignation plutôt que pour la tristesse ou la colère… et tenter de voir le bon côté des choses: l'important est sans doute que le ou la patient(e) retrouve une forme de bien-être dans la relation et ce, quelle que soit la personne qu'il ou elle ait choisi pour l'accompagner.
Aurélie Bastin
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