Publié le 23/02/2011 à 23:10
Un laisser-aller dans l'administration des soins, à l'égard des patients atteints de la maladie d'Alzheimer, est l'expression la plus courante de la maltraitance en institution. Mauvaise formation ou manque de personnel explique le plus souvent ce phénomène, mais ne l'excuse pas.
La maltraitance envers les personnes souffrant de la maladie d'Alzheimer se manifeste le plus souvent au domicile des patients (voir news du 04/02/09). Mais parfois, elle se produit aussi dans les institutions spécialisées chargées de les accueillir. Une situation généralement compliquée à détecter par les proches du malade, qui ont une relation de confiance avec ces structures professionnelles.
"Les cas de violences physiques, avec des coups portés, ne sont pas les plus fréquents", tempère Anne Moreau, coordinatrice du Capam* (Centre d'aide aux personnes âgées maltraitées). Selon elle, la maltraitance se manifeste essentiellement par une négligence à l'égard des patients. Un personnel trop restreint et/ou mal formé aux spécificités de la prise en charge des patients Alzheimer expliquent en partie ces formes de sévices. S'occuper d'une personne souffrant de cette maladie requiert une attention particulière et une patience à toute épreuve. Or, lorsque les employés doivent s'occuper simultanément d'une dizaine de pensionnaires, la charge peut s'avérer particulièrement délicate.
Résultat: "Parfois, les repas sont expédiés alors qu'il faut du temps pour faire manger un malade. Même chose avec la toilette. Pourtant, les patients souffrant de la maladie d'Alzheimer ont besoin qu'on leur explique les gestes de cette toilette", insiste la coordinatrice du Capam. "Parfois, certains membres du personnel placent des couches sur tous les malades, y compris sur ceux qui ne sont pas incontinents, et ce uniquement pour ne pas avoir à les amener un par un aux toilettes". A ces soins bâclés peut s'ajouter une attitude méprisante, que le manque d'employés ne saurait justifier: «il arrive que le personnel, lorsqu'il est excédé, insulte le malade ou emploie un tutoiement intempestif à son égard» indique Anne Moreau.
Comment déceler la maltraitance dont est victime un patient Alzheimer? "Même si les personnes âgées tombent fréquemment, les traces de bleus sur le corps peuvent être un signe", estime la coordinatrice. "Même chose si elle sursaute dès que vous avez un geste brusque. Il faut également être à l'écoute lorsqu'elle se plaint directement de violences". Attention néanmoins: les personnes atteintes de démence peuvent parfois fabuler et inventer des scénarios de mauvais traitement. "Mais en cas de doute, il est préférable d'en parler directement avec le personnel ou la direction de l'établissement", souligne Anne Moreau.
Inutile, selon elle, de lancer la conversation sur un ton accusateur. Mieux vaut exprimer une demande d'explication afin de rechercher une solution. "Cela permet souvent de lancer une réorganisation du travail au sein du service, notamment lorsqu'il y a un problème au niveau des soins." Mais en cas de violences physiques avérées, ou si la direction reste sourde aux questions de l'entourage du malade, il peut être envisagé de retirer ce dernier de l'institution, voire de porter plainte pour abus d'autorité ou coups et blessures. Car la maltraitance à l'encontre d'une personne âgée placée en situation de vulnérabilité est intolérable et doit être sanctionnée.
Jonathan Barbier
* Le Capam exerce une mission de prévention de la maltraitance à l'encontre des personnes âgées, ainsi qu'un rôle de gestion des situations de maltraitance qui lui sont rapportées (en Wallonie). Tel: 0800 30 330 www.capam.be
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