Publié le 23/02/2011 à 23:10
Les personnes souffrant de la maladie d'Alzheimer ne sont pas épargnées par la maltraitance. A domicile, la violence émane généralement des aidants, et est souvent involontaire. Des mesures peuvent néanmoins être prises pour prévenir ce genre de situation.
Souvent vulnérables, les personnes âgées sont exposées à la maltraitance, y compris dans leur propre cercle familial. Particulièrement dépendantes, en raison de leur état de santé, les patients atteints de la maladie d'Alzheimer n'échappent malheureusement pas au phénomène. Celui-ci est difficilement évaluable: il n'existe pas de chiffres officiels sur la maltraitance à domicile des personnes atteintes de la maladie.
Cette violence existe, «mais son ampleur ne doit pas être exagérée, juge Angelina Sartenaer, coordinatrice de l'asbl Baluchon Alzheimer. Cette association apporte répit et accompagnement aux familles dont un proche est atteint de la maladie d'Alzheimer. Pour permettre aux aidants de se reposer et de souffler, elle envoie des «baluchonneurs»: il s'agit de personnes compétentes et formées au suivi des malades atteints d'Alzheimer, afin de les remplacer durant quelques jours et assurer le bien-être du patient. Selon sa responsable, il est d'autant plus difficile d'établir des données précises que la maltraitance n'est pas un concept simple à définir.
«La maltraitance est d'abord un « ressenti » de la personne qui en est victime. Bien souvent, les auteurs n'ont pas conscience qu'ils infligent une forme de violence», note Angelina Sartenaer. Le simple fait d'employer un ton agressif ou de donner des ordres peuvent ainsi constituer une source d'angoisse permanente pour le patient.
Mais le plus souvent, la maltraitance se traduit par un délaissement. «La personne âgée est abandonnée dans un coin de la maison, plus personne ne lui parle et ne s'intéresse à elle», explique la coordinatrice. Une situation qui intervient généralement quand s'installe la routine du suivi. «Il n'y a pas une volonté de nuire de la part de l'aidant, mais plutôt une absence d'écoute».
Parfois, la maltraitance passe aussi par des coups. «Heureusement, ce genre d'extrême reste marginal», précise Angelina Sartenaer. Souvent, la cause de ce type de comportement est la conséquence d'une exaspération de l'aidant, même s'il s'agit d'un proche du malade. «Assister quotidiennement un patient est compliqué. A force de devoir répéter toujours la même chose, de se heurter aux refus du patient, voir parfois à ces gestes agressifs, certaines personnes dérapent».
Comment prévenir ces comportements? «Pour ce qui est de la violence physique, mieux vaut quitter la pièce lorsque l'on sent sa propre colère monter", préconise Angelina Sartenaer. Et lorsqu'un climat de tension naît de l'obstination ou de l'agressivité du malade, «il faut couper court à la conversation et passer à un autre sujet sans aucun rapport. Cela permettra de modifier l'humeur du patient et de désamorcer le conflit» .
En ce qui concerne les situations de délaissement, la première étape pour l'aidant consiste à prendre conscience qu'il a placé le malade dans un sentiment d'abandon. Puis il faut renouer le contact, « par la parole et en proposant des activités à pratiquer», souligne la responsable.
Un changement d'attitude qui requiert bien souvent une véritable discipline personnelle et beaucoup de patience de la part de l'aidant. Mais qui permettra au patient de mieux supporter les souffrances causées par sa maladie et rétablira un bon climat général au sein du foyer.
Jonathan Barbier
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