Publié le 27/04/2012 à 11:49
Un médicament contre le cancer testé sur des souris permet d’inverser les symptômes de la maladie d’Alzheimer. Un pas de plus vers la mise au point d’un nouveau traitement?
C’est un petit coup de tonnerre dans le monde de la recherche dédiée à la démence! Des scientifiques de la Case Western Reserve University à Cleveland ont réussi grâce à un médicament contre le cancer à améliorer les symptômes de la maladie d’Alzheimer chez des souris. Cette découverte laisse entrevoir la possibilité d’un nouveau traitement pour cette maladie qui reste à ce jour incurable. Mais l’espoir est-il justifié ou s’agit-il d’une tempête dans un verre d’eau?
À l’origine de cette étude? Le bexarotène, un médicament utilisé dans le cadre du traitement du lymphome cutané à cellules T, un cancer du système lymphatique. Cette molécule a été testée par les chercheurs et inoculée à des souris porteuses d’un équivalent animal de la maladie d’Alzheimer.
Le bexarotène permettrait en effet de stimuler les cellules immunitaires afin qu’elles éliminent les dépôts amyloïdes (plaques séniles) qui s’accumulent anormalement dans le cerveau des personnes atteintes de démence de type Alzheimer. Bien que leur rôle n’ait toujours pas été clairement déterminé, on sait que la présence de ces plaques amyloïdes dans le cerveau a un lien avec la maladie d’Alzheimer.
Et les résultats sont saisissants! Quelques heures seulement après avoir inoculé le bexarotène, les plaques amyloïdes commencent à diminuer. En quelques jours, plus de la moitié d’entre elles ont été éliminées (jusqu’à 75%). Mais ce n’est pas tout! Car les chercheurs ont également constaté une amélioration de l’état des souris soumises à l’expérience. 72 heures après l’inoculation, celles-ci ont récupéré certaines de leurs facultés cognitives et recommencent à se comporter «normalement». En bref, grâce au bexarotène les chercheurs sont parvenus à inverser une partie des symptômes de la maladie d’Alzheimer.
Inutile de dire l’enthousiasme que de tels résultats ont pu susciter. D’autant plus que la molécule testée, le bexarotène, est déjà utilisée chez l’homme et ne semble pas toxique. Cette découverte est donc porteuse de nombreux espoirs et pourrait déboucher à long terme sur la mise au point d’un traitement de la maladie d’Alzheimer. Mais avant d’en arriver là, la molécule devra encore être testée, notamment afin de vérifier qu’elle est également efficace chez l’homme. Ce qui prendra encore au minimum quelques années. Une lueur d’espoir encore bien lointaine donc. Mais à la clé peut-être un nouveau traitement contre cette terrible maladie qui touche 25 millions de personnes à travers le monde.
Sources: Paige E. Cramer, John R. Cirrito, Daniel W. Wesson, C. Y. Daniel Lee, J. Colleen Karlo, Adriana E. Zinn, Brad T. Casali, Jessica L. Restivo, Whitney D. Goebel, Michael J. James, Kurt R. Brunden, Donald A. Wilson, Gary E. Landreth. ApoE-Directed Therapeutics Rapidly Clear β-Amyloid and Reverse Deficits in AD Mouse Models. Science. March 2012. Vol. 335 no. 6075 pp. 1503-1506.
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