Publié le 23/02/2011 à 23:11
Des équipes françaises et britanniques viennent de découvrir trois gènes susceptibles d'être impliqués dans l'apparition de la maladie d'Alzheimer
L’influence génétique sur l’apparition de la maladie d’Alzheimer est établie depuis 1993. A cette époque, des scientifiques avaient pu démontrer que le gène de l’apolipoprotéine E pouvait multiplier jusqu’à 4 les risques de déclarer une démence de type Alzheimer. Il y a quelques semaines, une équipe de chercheurs français et une équipe britannique ont mis en évidence la responsabilité de 3 gènes supplémentaires.
De son côté, l’équipe française de l’Inserm s’est associée à un consortium européen, comprenant notamment l’équipe du Pr Christine Van Broeckhoven, chercheur en biologie moléculaire et génétique à l’Université d’Anvers. Travaillant de manière distincte des britanniques, ils ont passé au crible le génome de près de 20 000 personnes. Parmi eux, 2000 étaient atteints de la maladie. Grâce à ce travail méticuleux, deux gènes de prédisposition ont été identifiés: le 1er gène est celui de la Clusterine, localisé sur le chromosome 8. «Il pourrait intervenir dans l’élimination du peptide béta-amyloïde, le constituant majeur des plaques amyloïdes», soulignent les chercheurs. Or, ces plaques amyloïdes sont suspectées d’entraîner la démence, en s’accumulant à l’intérieur et à l’extérieur de certaines cellules du cerveau. Le fait d’être doté d’une forme particulière de ce gène aurait donc un effet protecteur contre la maladie.
Le 2ème gène est le CR1, situé sur le chromosome 1. Ce gène serait notamment impliqué dans les mécanismes inflammatoires, soupçonnés depuis quelques années d’être actifs dans le développement de la maladie.
De leur côté, les chercheurs britanniques ont analysé les génomes de 16 000 personnes. S’ils ont eux aussi découvert le gène de la Clusterine, ils ont également révélé un 3ème gène, nommé Picalm. Celui-ci aurait une incidence sur le fonctionnement des synapses, qui assurent la communication entre les neurones.
Ces découvertes auront probablement un impact sur la recherche de traitements. «Pour trouver de nouvelles molécules, il est nécessaire de comprendre la maladie, souligne le professeur Amouyel, qui a coordonné l’étude de l’équipe française. C’est tout le sens des travaux que nous continuons à mener en génétique.» Et visiblement, les chercheurs ont encore du pain sur la planche. «Nous avons encore sous la main une dizaine de gènes qui pourraient être potentiellement des cibles de traitement», mais nécessitent davantage de recherche, note le professeur Amouyel.
Cependant, les chercheurs rejettent l’hypothèse d’un dépistage de tels gènes: leur impact n’est en effet pas déterminant, puisque d’autres facteurs de risque sont aussi en cause dans l’apparition de la maladie.
Jonathan Barbier
Sources:
-«Genome-wide association study identifies variants at CLU and CR1 associated with Alzheimer's disease»: Jean-Charles Lambert et al. - Nature Genetics 41, 1094-1099 (6 Septembre 2009).
-«Genome-wide association study identifies variants at CLU and PICALM associated with Alzheimer's disease»: Denise Harold et al. - Nature Genetics 41, 1088-1093 (6 Septembre 2009).
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