Publié le 10/02/2012 à 12:33
Les scientifiques en rêvent! Un vaccin pourrait stopper l’évolution de la maladie d’Alzheimer et même en atténuer les symptômes.
Depuis la fin des années 90, la recherche dans le domaine de la prévention et du traitement de la maladie d’Alzheimer s’est intensifiée. Elle se concentre principalement sur l’accumulation anormale de certains composés protéiniques dans le cerveau, à savoir les peptides bêta-amyloïdes. Ces agrégats favoriseraient l’apparition des symptômes de la maladie d’Alzheimer.
Les chercheurs tentent de mettre au point un vaccin qui empêcherait cette accumulation anormale de protéines. Celui-ci activerait le système immunitaire pour qu’il produise des anticorps qui les détruisent (vaccination active). Ou apporterait directement les anticorps contre ces amyloïdes (vaccination passive). L’objectif: stopper l’évolution de la maladie d’Alzheimer. Ce type de vaccin pourrait aussi atténuer les symptômes de la maladie, à condition qu’il soit administré précocement.
Au début des années 2000, plusieurs vaccins ont été testés sur des rats et des souris. Avec des résultats encourageants. Par contre, ces premiers vaccins ont échoué lors de tests chez l’homme. En 2002, par exemple, l’un d’entre eux a bien entrainé une diminution de la quantité de peptides bêta-amyloïdes. Mais il a aussi entraîné une réaction inflammatoire cérébrale sévère chez près de 6% des patients. Conséquence: l’étude a dû être arrêtée.
Les scientifiques se sont attelés depuis à l’amélioration de leurs vaccins. Ils ciblent toujours les peptides bêta-amyloïdes, mais en essayant d’obtenir le moins d’effets secondaires possible. Et ils étudient notamment les facteurs génétiques qui influencent la réaction du système immunitaire à un vaccin contre les peptides bêta-amyloïdes (1).
Entretemps, un certain nombre de vaccins ont déjà été testés dans des études de phase II. C’est-à-dire auprès de petits groupes de patients atteints de la maladie d’Alzheimer. Ces tests sont destinés à préciser l’efficacité et la dose de vaccin nécessaire. C’est ainsi qu’en 2008, un vaccin très prometteur, à base de bapineuzumab, a eu un effet positif sur les fonctions cognitives des patients Alzheimer. Mais uniquement chez ceux qui n’étaient pas porteurs du gène ApoE4 (40 à 65% des patients Alzheimer). Chez les patients porteurs de ce gène, le vaccin n’a eu aucun effet positif avéré. Cependant, le groupe étudié était trop petit pour que les chercheurs puissent tirer des conclusions définitives (2).
Les études de phase II n’étant menées que sur un nombre limité de patients et visant principalement à s’assurer de l’innocuité des vaccins, les résultats doivent être maintenant affinés auprès de grands groupes de centaines de patients. Certaines de ces études de phase III sont en cours à la clinique de la mémoire de l’UZ Leuven. Les premiers résultats des études sur les vaccins, et notamment celui à base de bapineuzumab, y sont attendus dans le courant de l’année 2012. S’ils devaient s’avérer encourageants, il faudrait toutefois encore attendre plusieurs années avant que ces vaccins ne soient commercialisés.
(1) Toly-Ndour et al. MHC-Independent Genetic Factors Control the Magnitude of CD4+ T Cell Responses to Amyloid-ß Peptide in Mice through Regulatory T Cell-Mediated Inhibition. Journal of Immunology, September 26, 2011.(2) Communiqué de presse; Elan and Wyeth Announce Encouraging Top-line Results from Phase 2 Clinical Trial of Bapineuzumab for Alzheimer’s Disease.
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