Publié le 23/02/2011 à 23:06
L'usage prolongé de certains médicaments nuit-il gravement à la fonction rénale? « Seulement en cas de maladie rénale préexistante », affirme le Pr Yves Vanrenterghem, chef du service de néphrologie au Centre Hospitalier Universitaire Leuven-Gasthuisberg. Explications.
"Les patients atteints d’un déficit de la fonction rénale doivent faire preuve d’une grande prudence lorsqu’ils prennent un médicament de manière prolongée, quel qu’il soit. Un suivi régulier de la fonction rénale et de la quantité de calcium et de phosphate présente dans l'organisme est, dans ce cas, plus que jamais indispensable », précise d'emblée le Pr Vanrenterghem. La prise d'anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) peut en effet s’accompagner d’une altération temporaire de la fonction rénale, même si elle n'est qu’exceptionnellement à l’origine d'une insuffisance rénale.
La prise d'un seul comprimé d'AINS peut toutefois provoquer une légère diminution de la fonction rénale. Généralement temporaire, cette altération disparaît dès l’arrêt du traitement. Pour les patients âgés atteints d’affections rhumatismales, telles que l’arthrite ou l’arthrose, et qui suivent des traitements anti-inflammatoires prolongés, le risque de dégradation de la fonction rénale est beaucoup plus important. Les patients qui présentent une fonction rénale déjà déficiente et qui consomment ces médicaments risquent quant à eux d'aggraver encore davantage leur maladie. En cause: la réduction de l'irrigation sanguine provoquée par ces molécules au niveau rénal. Ajoutons enfin que l'association d'AINS avec une légère déshydratation ou avec la prise de médicaments inhibiteurs de l'enzyme de conversion de l'angiotensine (traitement de l'hypertension artérielle notamment) peut également accentuer de manière dramatique les risques de dégradation de la fonction rénale.
Par le passé, de nombreux cas d’insuffisance rénale étaient dus à un usage excessif, voire abusif, de médicaments antidouleur contenant de la phénacétine. « Il y a quinze ans, la moitié des patients admis dans notre centre de dialyse avait pris ces médicaments en trop grande quantité", confirme le Pr Vanrenterghem. Cette substance est aujourd'hui retirée du marché. Quant au paracétamol (le principe actif de médicaments antidouleur tels que le Dafalgan), aucune étude ne permet de mettre en évidence qu'il entraînerait un quelconque effet nocif sur les reins. Les soupçons qui pesaient autrefois sur cette substance devaient probablement provenir du fait que certains médicaments antidouleur contenaient de la phénacétine associée au paracétamol. Aujourd’hui, le paracétamol est en vente libre et considéré comme absolument inoffensif pour les reins.
Guy Bourgeois, avec la collaboration du Pr Yves Vanrenterghem, chef du service de néphrologie au Centre Hospitalier Universitaire Leuven-Gasthuisberg.
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