Publié le 23/02/2011 à 23:06
Touchant de 5 à 20 % de la population, le syndrome des jambes sans repos est particulièrement fréquent chez les patients dialysés. De 6 à 60 % des insuffisants rénaux chroniques sont concernés par cette pathologie mystérieuse perturbant parfois gravement leur sommeil.
1h20, Paula ferme finalement les yeux. Sortie de dialyse à 19h, vidée, épuisée, elle essayait de s'endormir depuis des heures. 3h30, ses jambes se réveillent.… Elle ouvre à nouveau les yeux. Atteinte d'insuffisance rénale chronique depuis 10 ans, Paula souffre également du syndrome des jambes sans repos (SJSR). Un nom plutôt poétique pour une réalité qui l'est beaucoup moins. Alors que le soleil se couche, lorsqu'elle est prête à s'endormir, Paula est en prise à d'intenses fourmillements dans les jambes. Impossible de rester couchée! Seule la marche libère Paula de cette sensation étrange et indescriptible, entre picotement, douleur et inconfort.
"S'il est avéré que le syndrome des jambes sans repos correspond à un trouble du système nerveux, le mécanisme biochimique qui entraîne ces impatiences reste encore en grande partie mystérieux", reconnaît le Pr Vandervelde, chef du service de néphrologie des hôpitaux Iris Sud. "Au sein d'une même famille, plusieurs personnes en sont souvent atteintes. L'existence d'une composante génétique de ce syndrome n'est donc pas à exclure." Dans plus de 40 % des cas, le SJSR est dit "primaire", ce qui signifie qu'aucune cause précise ne peut lui être associée. Dans les autres cas, le SJSR est dit "secondaire". Le manque de fer ou la prise de médicaments (antidépresseurs, tranquillisants, anti-nauséeux…) sont en effet quelques-uns des facteurs pouvant favoriser l'apparition de ce syndrome. Signe de la détérioration de la fonction rénale, l'urémie, augmentation anormale du taux d'urée dans le sang, est un autre de ces facteurs. Phénomène qui explique le nombre important de patients insuffisants rénaux concernés par ce problème.
"La plupart du temps, les patients qui présentent les symptômes du SJSR ont un sommeil très perturbé. Ils ont beaucoup de mal à s'endormir et ne peuvent s'empêcher de se relever pour faire disparaître les fourmillements qu'ils ressentent dans les jambes", explique le Pr Vandervelde. "Dans les cas les plus graves, le syndrome peut apparaître en soirée, lorsque les personnes sont assises. Il est donc très difficile pour elles d'aller au cinéma, de lire un livre ou de se rendre au restaurant." Invalidant à plus d'un titre, le SJSR ne peut être soigné. Reste donc à agir sur ses symptômes. "Réduire drastiquement sa consommation de tabac, d'alcool et de caféine permet déjà de réduire en partie l'inconfort", explique le Pr Vandervelde. "Faire des étirements ou des exercices physiques légers peut également soulager les patients." Si la prise de somnifères est fortement déconseillée, différents traitements médicamenteux peuvent être envisagés. "Les personnes les plus sensibles à cette pathologie sont ceux qui présentent des stocks en fer réduits. La première chose à faire consiste donc à leur fournir davantage de fer. Le traitement par érythropoïétine des patients dialysés peut également s'avérer efficace contre le SJSR", souligne le spécialiste. "Enfin, au cas où les symptômes persisteraient, des traitements plus lourds peuvent être proposés au patient tels que les agonistes de la dopamine, utilisés chez les patients parkinsoniens."
Parce que rien ne devrait nous empêcher de passer de douces nuits de repos...
Aurélie Bastin, avec la collaboration du Pr Dominique Vandervelde, chef du service de néphrologie des hôpitaux Iris Sud.
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