Publié le 23/02/2011 à 23:05
Les grossesses post-greffe présentent des risques beaucoup moins importants de complications que celles qui se présentent au stade de la dialyse. Des précautions doivent toutefois être prises pour que ces neufs mois de bonheur ne se transforment pas en cauchemar.
Il y a onze ans, Marie, atteinte d'insuffisance rénale depuis six ans, apprend qu'elle est enceinte. "Mon néphrologue m'avait donné son accord, je n'ai donc pas hésité une seconde. Ma grossesse s'est passée sans trop de problèmes, mais ma fonction rénale s'est dégradée rapidement et j'ai dû recourir à la dialyse quelques mois après l'accouchement. Alors que j'étais greffée depuis quatre ans, j'ai décidé d'avoir un deuxième enfant. Pierre est né à terme il y a un mois. Il est en excellente santé et tout s'est très bien passé, pour lui comme pour moi."
À l'heure actuelle, de nombreuses femmes greffées d'un rein font le choix de devenir mère. Mais si de telles grossesses sont possibles, elles ne sont toutefois pas sans risque. Seules 15 % des patientes transplantées auraient ainsi la chance de mener leur grossesse à terme. Quelques précautions doivent donc être prises pour que tout se passe au mieux. Pour éviter autant que possible les rejets en cours de grossesse (plus importants si la fonction rénale n'est pas stabilisée), il est ainsi conseillé aux futures mamans d'attendre deux ans après la greffe avant de concevoir un enfant. Le dosage des médicaments immunodépresseurs, indispensables à la survie du greffon, doit également être adapté afin de limiter les complications, tant pour la patiente que pour son bébé Comme l'explique le Dr Kikpatrick, chef de clinique au service de gynécologie et obstétrique de l'hôpital Erasme à Bruxelles, "il arrive que ce traitement entraîne des malformations chez le foetus." Prématurés dans 50 % des cas, les nouveaux-nés de femmes greffées sont souvent plus petits que la moyenne, les risques de retards de croissance intra-utérins étant plus nombreux en cas de grossesse post-greffe.
Très importante dans les trois premiers mois de la grossesse, la fréquence des fausses couches n'est plus que de 10% une fois passé ce cap difficile. "Pour limiter au maximum les risques de complications, la fonction rénale, l'hypertension et l'anémie de la patiente doivent être contrôlés régulièrement", insiste le Dr Kirkpatrick. "Pouvant entraîner une perte du greffon, les infections urinaires doivent elles aussi être surveillées de près." Pour toutes ces raisons, il est donc vivement conseillé aux patientes greffées souhaitant avoir un enfant de se faire suivre dans un hôpital capable de prendre en charge les grossesses à risque et les grands prématurés.
Aurélie Bastin
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