Publié le 23/02/2011 à 23:06
Favorisant le déclenchement de l'insuffisance rénale, le tabac constitue également un facteur accélérant la progression de la maladie et augmente les risques cardiovasculaires des patients atteints. Tabacologue à l'hôpital Erasme à Bruxelles, Jacques Dumont aide les insuffisants rénaux à dire non à la cigarette.
Le travail d'un tabacologue est d'accompagner les personnes qui souhaitent arrêter de fumer ou réduire leur consommation tabagique. Mon travail consiste donc à aider les fumeurs à trouver les motivations et la méthode qui vont leur permettre d'écraser leur dernier mégot. Il est évident qu'en tant que professionnel de la santé, je ne cache pas à mes patients les méfaits de la nicotine, mais l'important est avant tout de les aider à mettre le doigt sur ce qui peut les motiver à arrêter. Il est toujours plus facile d'être convaincu par ses propres arguments que par ceux des autres.
Je conseille toujours l'arrêt total du tabac plutôt qu'une réduction progressive. L'idéal est également d'essayer de bousculer les habitudes qui sont liées au fait de fumer. Il existe évidement des petits trucs comme manger un fruit ou se laver les dents au lieu de prendre une cigarette, mais il n'y a pas de recettes miracles. Tant que le fumeur n'aura pas élaboré ses propres stratégies, ces astuces ne pourront pas fonctionner. Je conseille également aux patients dépendants de recourir aux moyens chimiques comme les substituts nicotiniques (patch et autres), mais aussi les médicaments anti-tabac tels que le bupropion et la varénicline. Pas question toutefois de les utiliser sans avis médical. Seuls les néphrologues sont à même de dire quel médicament est indiqué ou contre-indiqué selon les cas. Certains médicaments doivent être adaptés en fonction du niveau d'insuffisancerénale des patients, mais aucun n'est totalement interdit.
C'est très difficile et ce serait sans doute un peu démoralisant. Beaucoup de personnes ne vont pas au-delà d'une ou deux consultations. Je pense qu'il n'est possible d'obtenir des résultats que si le suivi est régulier. Certains patients me disent qu'arrêter de fumer s'apparente un peu pour eux à s'arracher un bras ou une main. D'autres m'ont confié que s'ils avaient su que ce serait si facile, ils auraient tenté d'arrêter beaucoup plus tôt. La plupart s'imaginent qu'arrêter de fumer s'apparente à une épreuve insurmontable et n'essayent même pas. Mais quand ils font une tentative sérieuse, quand ils mettent toutes les chances de leur côté, ils se rendent compte que c'est beaucoup plus facile que ce qu'ils avaient imaginé. La clé de la réussite tient en un seul mot: la motivation.
Propos recueillis par Aurélie Bastin.
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