Publié le 23/02/2011 à 23:07
L'avenir de la transplantation rénale passera peut-être un jour par la greffe de reins d'animaux. Complexe à réaliser en raison de problèmes de compatibilité encore insurmontables, cette technique pourrait se perfectionner grâce au recours à des porcs génétiquement modifiés.
Une xénogreffe est la transplantation d’un organe d’origine animale sur un être humain. À l’heure actuelle, en raison notamment du manque de donneurs, les greffes de coeur, de foie et de rein sont les principaux objets de recherche des scientifiques. Pour les insuffisantsrénaux en attente d’une transplantation de rein, une telle solution pourrait constituer une alternative à cette pénurie.
La quête de ce type de greffe est relativement ancienne. En 1906 déjà, le chirurgien Français Mathieu Jaboulay s’était risqué à pratiquer des greffes de reins de porc et de chèvre sur une patiente. Le fiasco avait été complet. Entre les années soixante et le tout début des années nonante, quelques dizaines d’expériences de xénogreffes sur des humains ont été tentées. Tous les malheureux sont rapidement décédés.
Les porcs sont les animaux les mieux adaptés aux xénogreffes sur les êtres humains. "D’un point de vue physiologique, leurs organes sont très semblables aux nôtres", explique le Pr Mark Waer. Spécialiste des xénogreffes à l’Université Catholique de Louvain (UK Leuven), il mène avec son équipe de nombreuses expériences sur différents types d’animaux.
Mais la barrière des espèces, si difficile à franchir, met pour l’heure en échec les tentatives de xénogreffes. Différents facteurs interviennent dans le rejet. L’un des plus complexe à contourner est la présence, sur l’organe de l'animal donneur, d’une molécule de sucre: le Gal. Celle-ci est fixée sur la surface des cellules de la plupart des mammifères, mais pas chez l’homme. Lorsque les anticorps du receveur humain perçoivent l’intrusion de ces molécules, le mécanisme de défense se met donc immédiatement en action. En seulement quelques minutes, l’organe greffé est détruit. Pour faire face à ce problème, les scientifiques misent sur des porcs génétiquement modifiés. "En leur retirant certains gènes, il est possible de concevoir des porcs qui ne sont plus porteurs de cette molécule de sucre. On évite ainsi l’enclenchement du processus de défense immunitaire", explique le Pr Waer.
Et les progrès sont importants. "Il y a plusieurs années, l’espérance de vie des singes à qui l’on avait greffé un organe de porc était de quelques minutes. Puis elle est passée à quelques jours. Avec les évolutions récentes, nous atteignons six à huit mois de survie", explique Mark Waer. Même si le rejet provoqué par la molécule de sucre semble contrôlé, d’autres mécanismes de défense empêchent encore une réussite définitive de la xénogreffe. "En ajoutant aux porcs des gênes humains, les chances de compatibilité pourraient être améliorées", indique le Pr Waer.
Si le processus général des xénogreffes était maîtrisé sur les animaux, des expériences cliniques, réalisées sur des êtres humains volontaires, pourraient être envisageables d’ici quelques années. En matière d’insuffisancerénale, ces xénogreffes pourraient être permanentes ou simplement provisoires, le temps pour le malade de trouver un donneur humain compatible. Des possibilités qui ne sont en tout cas pas à l’ordre du jour. La législation belge interdit en effet jusqu'à présent ce type d’expérience.
Jonathan Barbier
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