Publié le 23/02/2011 à 23:05
Les troubles de l'érection sont très fréquents dans la population des urémiques puisqu'on considère que plus de 50 % des patients en souffrent contre 10 à 20 % dans la population générale. Des chiffres qui rendent compte de l'importance de cette complication liée à l'insuffisance rénale dont peu de patients osent pourtant parler.
Les reins des patients atteints d’insuffisance rénale produisent une quantité trop élevée de prolactine, une hormone réduisant la production de testostérone. Cette baisse peut entraîner des troubles du désir sexuel. La diminution de production de l’oxyde nitrique, neurotransmetteur essentiel à l’érection, peut également être à l’origine des troubles de l’érection. Quant aux atteintes provoquées par une insuffisance rénale au système nerveux et aux vaisseaux sanguins, elles peuvent elles aussi entraîner des difficultés de l’érection. Ajoutons enfin que l’hypertension artérielle et son traitement sont souvent des facteurs de risque supplémentaires.
Si de nombreux facteurs biologiques expliquent la fréquence des troubles de l’érection et du désir chez les personnes souffrant d’insuffisance rénale, une série d’éléments psychologiques sont également à prendre en considération. « Les patients urémiques peuvent parfois avoir des angoisses de performance liées à l’atteinte, due à la maladie, de leur intégrité corporelle », explique le Pr. Robert Andrianne, urologue au centre universitaire de Liège. « Les personnes dialysées sont également très dépendantes de leur entourage, ce qui place certaines d’entre elles en état de régression et peut engendrer des problèmes au sein de leur couple ». Le rythme de vie qu’impose la maladie entre également en ligne de compte. « Les insuffisants rénaux sont généralement des personnes très fatiguées qui souffrent parfois de douleurs chroniques. Autant de données qui peuvent modifier leur rythme de vie et altérer leur libido ».
Si la transplantation rénale restitue au patient son autonomie et améliore nettement son état sur le plan psychologique, les dégâts qui ont été causés au niveau des vaisseaux sanguins et du système nerveux au cours de la dialyse sont souvent irréversibles. Il faut ajouter à cela que certaines des artères amenant le sang vers la verge sont parfois sacrifiées au moment d’effectuer la greffe. Selon les cas, la transplantation permet donc soit d’aggraver, soit d’atténuer les troubles de l’érection.
Pour minimiser les risques d’être atteints de troubles de l’érection, il est vivement recommandé aux insuffisants rénaux d’éviter l’alcool et le tabac. Si les troubles persistent, les patients ne doivent pas hésiter à consulter et à en parler. Plusieurs types de traitements efficaces pourront leur être proposés. « Il est possible de corriger efficacement le manque ou au contraire l’excès d’hormones impliquées dans le processus érectile. Pour améliorer les possibilités érectiles des patients dialysés, du viagra°, du levitra° ou du cialis°, peuvent aussi être prescrits », souligne le Pr. Andrianne. « Si les troubles de l’érection ont des origines psychologiques, la prise d’antidépresseurs pourra parfois être une solution à envisager. En dernier recours, il est également possible administrer des injections intra-caverneuses de substances vasodilatatrices aux insuffisants rénaux ou de leur suggérer la pose d’une prothèse facilitant l’érection ».
Aurélie Bastin, avec la collaboration du Pr. Robert Andrianne, urologue au CHU de Liège.
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