Dr Olivier Detry, CHU de Liège
Bien que la Belgique soit à la pointe en matière de transplantation, le nombre de donneurs reste encore insuffisant. Les prélèvements de reins à coeur arrêté sont-ils la solution?
Il existe deux grandes sources d'organes:
Dans ce dernier cas, les organes sont le plus souvent prélevés sur des donneurs en état de mort cérébrale: le cerveau est détruit de façon irréversible, mais le c'ur bat encore et les autres organes sont toujours en bon état. En Belgique, seuls 2 à 3% des décès entrent dans ces critères. Autre possibilité: le prélèvement d'organes sur des donneurs "à coeur arrêté". Dans notre pays, les organes ne peuvent être prélevés sur ce type de donneurs que depuis 2002.
Le temps est notre principal ennemi. Pour qu'ils fonctionnent encore lorsqu'ils seront transplantés, les organes doivent être prélevés au maximum deux heures après le décès. Les personnes qui meurent en dehors de l'hôpital répondent donc rarement à ce critère. L'autre obstacle est éthique. La loi belge nous autorise à prélever les organes si la personne ne s'y est pas opposée. Mais dans la pratique, nous en parlons toujours aux proches. Lorsqu'une personne est en état de mort cérébrale, le délai avant prélèvement peut être plus long. Une relation de confiance peut s'établir entre le corps médical et la famille. Nous avons plus de temps pour leur parler du don d'organes, et ils ont plus de temps pour l'accepter. En Belgique, seuls 10 à 15% des reins greffés proviennent de donneurs "à coeur non battant".
Le risque de rejet n'est pas plus élevé. La fonction rénale des patients qui ont reçu un rein de donneurs "à coeur arrêté" est un peu moins bonne durant les 4 premiers mois, parce qu'il faut que le rein récupère. Mais à 1 an et à 5 ans, la fonction rénale est identique à celle des patients qui ont reçu un rein de donneur en état de mort cérébrale. En terme de qualité de vie comme de survie, les patients insuffisants rénaux ont tout à gagner du développement des prélèvements "à coeur non battant".
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