Koen Block, membre de l’European Aids Treatment Group (EATG) et patient VIH, 45 ans & Pr Michel Moutschen, chef du Service des maladies infectieuses-médecine interne, du CHU de Liège.
Le traitement du VIH/sida a énormément évolué ces dernières décennies. Mais quelles sont les perspectives en matière de thérapie? Un médecin et un patient nous font part de leur point de vue.
Comment avez-vous vécu l’évolution du traitement du VIH/sida?
Koen Block: Avec l’arrivée des inhibiteurs de la protéase à la fin des années 90, la thérapie consistait en un très grand nombre de comprimés moins supportables et plus difficiles à prendre en comparaison avec le traitement actuel. Les effets secondaires avaient un impact direct sur ma vie de tous les jours. Aujourd’hui, les patients VIH sont traités beaucoup plus vite, ce qui préserve davantage leur système immunitaire. Les médicaments sont aussi moins toxiques qu’avant. La qualité de vie des patients est aujourd’hui bien meilleure.
Pr Moutschen: A la fin des années 90, convaincre les patients de suivre leur traitement demandait beaucoup de temps. Mais celui-ci signifiait leur survie, il valait donc la peine d’en accepter les effets secondaires (diarrhée, nausées…). Aujourd’hui, ceux-ci sont minimes, donc la majorité des patients est moins réticente. De plus, les médicaments sont plus faciles à prendre qu’auparavant. Les trois composants de la trithérapie ont été regroupés dans une seule gélule, et celle-ci est à prendre une seule fois par jour.
Quels sont pour vous, aujourd’hui, les plus gros problèmes liés au traitement?Koen Block: J’ai désormais des séquelles physiques chroniques à cause des médicaments que j’ai pris pendant de nombreuses années: douleurs neuropathiques, diabète, hypertension… Mais ces médicaments m’ont sauvé la vie!
Pr Moutschen: Pour ma part, je soulignerais la problématique du long terme. D’après les études cliniques, les traitements sont inoffensifs. Mais il manque un recul de cinq ou dix ans concernant la nouvelle génération d’antirétroviraux, à savoir les anti-intégrases. Ceux-ci sont puissants et merveilleusement bien tolérés. Mais concernant la grossesse notamment, une question reste en suspens: peut-on les prescrire aux femmes enceintes? Ou est-il préférable de leur prescrire un traitement d’ancienne génération qui a davantage d’effets secondaires, mais dont les effets à long terme sont mieux connus?
Vous attendez-vous encore à d’importantes percées dans la lutte contre le VIH/sida?Koen Block: Je pense qu’il y aura encore une simplification du traitement médicamenteux. Ce qui sera tout bénéfice pour le confort et la compliance du patient. D’autre part, les scientifiques mènent des recherches sur des médicaments destinés à renforcer le système immunitaire naturel, par exemple par le biais d’un vaccin thérapeutique.
Pr Moutschen: La bithérapie peut être une piste pour simplifier le traitement. Contrairement à la trithérapie, elle ne contient pas d’inhibiteur nucléosidique de la transcriptase inverse. Il s’agit d’un composant potentiellement toxique, notamment pour les mitochondries. A court terme, la bithérapie pourra remplir son rôle: le patient aura une charge virale indétectable, un taux de CD4 stable, il ne sera pas contagieux pour son ou sa partenaire. Il est intéressant d’explorer cette stratégie, mais la recherche doit s’y pencher davantage.
Quelles sont vos attentes pour l’avenir?Koen Block: L’idéal serait qu’un véritable médicament contre le VIH/sida soit mis au point ou alors un vaccin permettant de prévenir l’infection par le virus. Mais on n’en est pas encore là! Je trouverais déjà rassurant qu’on développe un traitement qui serait aussi plus sûr à plus long terme.
Pr Moutschen: Un vaccin préventif pourrait en effet être développé, mais nous n’y sommes pas encore. Des traitements injectables à longue durée d’action pourraient, par contre, voir le jour. Leur avantage: une seule injection intramusculaire, tous les 15 jours ou tous les deux mois par exemple, serait alors nécessaire.
Partager et imprimer cet article
Trois nouvelles infections au VIH par jour en Belgique? Un chiffre impressionnant mais bien réel. Le Sida ne recule pas. En 2009, le nomb...
Lire la suiteSIDA? Dans les années 80 et 90, l'imaginaire collectif s'est emparé de cet acronyme pour en faire un monstre tentaculaire, un tueur infail...
Lire la suitePlusieurs études, venant pour la plupart des États-Unis mais pas seulement, indiquent que nous avons de moins en moins de relations sexuelles.
Aux USA, 23% des adultes d...
Cancer de l'estomac
Covid-19
Dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA)
Greffe d'organes
Leucémie myéloïde chronique
Mélanome
Oeil infecté, irrité ou sec
Vessie hyperactive