Dr Éric Florence, responsable du département VIH/IST de l’Institut de Médecine Tropicale à Anvers.
Tant chez les patients jeunes exposés aux drogues récréatives que chez les patients plus âgés soumis à une polymédication, le risque d’interaction chez les personnes atteintes du VIH doit faire l’objet d’une attention particulière. Explication avec le Dr Éric Florence.
Il arrive que la prise simultanée de plusieurs médicaments ou substances ne fasse pas bon ménage. On utilise le terme «interaction» quand un médicament ou une substance modifie l’effet d’un(e) autre présent(e) au même moment dans l’organisme. «Les interactions peuvent prendre plusieurs formes: l’effet d’une des deux substances (ou des deux) peut être amplifié, ce qui peut alors la(les) rendre toxique(s). À l’inverse, l’interaction peut aussi se manifester par une baisse de l’action d’une des deux substances, entraînant alors une perte d’efficacité du traitement», explique le Dr Florence.
Ces dernières années, la prise de drogues récréatives (GHB, GBL, ecstasy, poppers, cocaïne, crystal meth, kétamine, méphédrone…) est devenue un phénomène relativement fréquent auprès des jeunes. Ces drogues sont régulièrement utilisées dans le cadre des «chemsex», c’est-à-dire des relations sexuelles sous l’effet de drogues. Si le recours à ces drogues récréatives entraîne des risques non négligeables dans la population générale (notamment un risque de transmission de maladies infectieuses par le partage de seringues ou de pailles), chez les patients VIH sous traitement antirétroviral, la prise de ces drogues peut provoquer des interactions médicamenteuses graves.
La plupart des molécules antirétrovirales sont susceptibles d’interagir à des degrés divers avec les drogues récréatives. «Les boosters (molécules destinées à augmenter la concentration des antirétroviraux dans le corps), tels que le ritonavir et le cobicistat, sont le plus susceptibles d’occasionner des interactions. En ralentissant la dégradation des produits psychoactifs par le foie, ces boosters provoquent une augmentation de leur concentration et de leur durée de vie dans le sang, ce qui peut entraîner de sérieux effets secondaires, voire une overdose», précise le Dr Florence. «Les médicaments psychoactifs et les médicaments contre les troubles érectiles, souvent utilisés en combinaison avec les drogues récréatives, peuvent également produire des interactions médicamenteuses.» Finalement, la prise d’alcool peut également renforcer les effets négatifs de ces drogues en provoquant une toxicité cumulée.
Les patients ayant recours aux drogues récréatives ne se considèrent pas comme «drogués» et dépendants. «C’est pourquoi notre approche en tant que médecin est différente», explique Éric Florence. «Nous visons la diminution des risques plutôt qu’une approche normative. Nous essayons de faire en sorte que le patient utilise ces substances de manière responsable, limitée et contrôlée.»
Aujourd’hui, les patients atteints du VIH ou du SIDA vivent de plus en plus longtemps. Le vieillissement accéléré des organes causé par la maladie, mais aussi les maladies liées à l’âge (hypertension, diabète, hypercholestérolémie…) induisent souvent une polymédication chez ces patients. «Les risques d’interactions médicamenteuses sont alors plus nombreux. En tant que médecin, nous y sommes particulièrement attentifs», rappelle le Dr Florence. «Plusieurs options s’offrent à nous en fonction du problème: si l’efficacité d’un des médicaments est diminuée, nous pouvons augmenter la dose active. Si l’interaction médicamenteuse induit une toxicité, nous pouvons diminuer la dose du médicament concerné. Enfin, nous pouvons aussi décider de changer de molécule, que ce soit au niveau de l’antirétroviral ou du traitement de l’autre maladie.»
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