Dr Sabine Allard, Aidsreferentiecentrum de l’UZ Brussel
Il est parfois souhaitable de proposer aux patients VIH qui répondent bien à leur traitement une adaptation de leur thérapie. «Elle peut être motivée par plusieurs raisons mais on essaie toujours de donner la priorité au confort du patient», explique le Dr Sabine Allard de l’Aidsreferentiecentrum de l’UZ Brussel.
Si le traitement d’un patient VIH est efficace, pourquoi le médecin proposerait-il une autre thérapie?
«De nouveaux médicaments ou combinaisons de médicaments permettant de limiter le nombre de pilules que le patient doit prendre par jour sont régulièrement commercialisés. Le traitement standard comporte encore toujours un cocktail de trois médicaments antiviraux, mais il est souvent possible aujourd’hui de les combiner dans un seul comprimé, c’est ce qu’on appelle le "schéma posologique à comprimé unique". Il augmente la facilité d’utilisation et la compliance au traitement du patient.»
Les effets secondaires peuvent-ils entraîner une adaptation du traitement?
«Oui, si des effets secondaires se manifestent rapidement après le démarrage du traitement, par exemple des troubles de la fonction hépatique ou des plaintes gastro-intestinales, on va en principe passer rapidement à une autre thérapie. Les effets secondaires peuvent toutefois aussi se produire à plus long terme. Certains médicaments peuvent par exemple provoquer progressivement une altération de la fonction rénale ou une diminution de la densité osseuse (ostéoporose). Tout cela peut justifier une modification du traitement même si par ailleurs le patient y répond et le supporte bien.»
L’interaction avec d’autres médicaments constitue-t-elle parfois aussi un problème?
«C’est exact et c’est surtout le cas chez les patients VIH qui avancent en âge. Avec le vieillissement, d’autres problèmes de santé se manifestent en effet régulièrement, comme une hypercholestérolémie ou une dépression. Les statines (inhibiteurs de la synthèse du cholestérol), les antidépresseurs et les traitements du VIH peuvent renforcer ou affaiblir réciproquement leur action. Une adaptation de la dose ou le passage à un autre médicament contre le VIH peut constituer une solution.»
Si une patiente exprime un désir de grossesse, le traitement contre le VIH doit-il être stoppé?
«Nous savons que certains médicaments peuvent être administrés en toute sécurité pendant la grossesse. Mais nous ne le savons pas encore avec suffisamment de certitude pour d’autres médicaments. Dans ce cas, nous préférons passer déjà avant la grossesse à un médicament plus sûr. Il est déconseillé de stopper provisoirement le traitement contre le VIH.»
Quels patients entrent en considération pour une adaptation du traitement?
«Tous les patients cités ci-dessus. Mais il faut savoir que chaque traitement est aujourd’hui fortement individualisé. Une adaptation du traitement se produit toujours en accord avec le patient: s’il y a trop d’effets secondaires, s’il existe de meilleures alternatives ou si le confort du patient n’est pas entièrement optimal avec un traitement, on passe en revue les possibilités de modification thérapeutique. Un patient peut par exemple être stable depuis un long moment déjà avec un traitement qu’il doit toujours prendre avec les repas. Mais il existe aussi depuis des thérapies qui peuvent être prises en dehors des repas. Si un patient préfère ce type de prise, nous adapterons la thérapie dans la mesure du possible.»
Cette modification peut-elle se faire à n’importe quel moment?
«C’est possible, en effet. On introduit une nouvelle demande de remboursement auprès du médecin conseil de la mutualité. Mais, en principe, nous pouvons du jour au lendemain passer à un autre traitement. Il n’y a pas de raisons médicales de ne pas le faire chez un patient dont l’état est stable. Parfois la modification thérapeutique est reportée, par exemple si le patient a planifié un voyage ou un événement important. Nous préférons attendre que cela soit passé.»
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