Publié le 23/02/2011 à 23:09
Nombre de personnes touchées par la maladie d'Alzheimer tentent un jour de fuguer! Phénomène qui constitue une importante source de stress et d'inquiétude chez leurs proches! Comment réduire ce risque de fugue? Comment réagir? Réponses avec Marguerite Mormal, présidente de l'association Alzheimer Belgique.
Si les personnes touchées par la maladie d'Alzheimer perdent la mémoire immédiate, elles préservent plus longtemps les faits anciens. Ainsi, les images qui envahissent leur esprit sont davantage liées au passé et elles se sentent perdues dans leur environnement actuel. C'est pourquoi, aux yeux de Marguerite Mormal, il est nécessaire de distinguer la déambulation de la fugue. "La fugue n'est pas une errance sans but ni sens: elle est intentionnelle. La personne veut quitter la maison ou l'unité de soins pour se rendre dans un lieu déjà connu, souvent l'habitat de son enfance. En résumé: elle rentre chez elle!"
Pour éviter que l'idée de s'enfuir ne s'ancre dans l'esprit du patient Alzheimer, il est essentiel de prendre le temps de l'écouter. "Il ne faut pas hésiter à parler avec lui de son enfance, du lieu où il habitait, de son activité professionnelle… On peut aussi lui proposer des activités et programmer des sorties pour éviter l'ennui et l'envie de s'évader", développe Marguerite Mormal. Par ailleurs, il peut également être utile de répondre favorablement à ses souhaits lorsque c'est possible. "On peut par exemple le changer de voisin de chambre en institution si cette cohabitation pose problème ou bien se rendre sur son ancien lieu de travail…"
D'autres précautions, davantage liées à la surveillance, sont également indispensables. Une évidence: il ne faut jamais laisser seule la personne touchée par la maladie d'Alzheimer, ni à la maison, ni dans un lieu public, ni dans la voiture… même pour un bref instant. "Il faut également veiller à éliminer tous les éléments qui pourraient susciter l'envie de sortir: cacher les clés de voiture, laisser les manteaux hors de vue, masquer la porte de sortie…", mentionne Marguerite Mormal. Autre précision importante: les appels reçus chez Alzheimer Belgique révèlent que les problèmes de fugue en institution sont liés au choix d'une maison non adaptée aux personnes démentes. Ainsi, même s'il est tentant de protéger l'être cher d'une triste réalité, il faut savoir qu'une institution de type "seigneurie" n'est pas adéquate. Il est en effet primordial que la maison de repos dispose de systèmes de sécurité.
Il faut également s'assurer que le patient porte toujours sur lui une carte sur laquelle sont imprimés l'inscription "cette personne souffre de la maladie d'Alzheimer" ainsi que les noms et les numéros de téléphone des personnes à contacter en cas d'urgence. Un autre conseil utile est de placer des nominettes comportant ces éléments d'identification dans les vêtements, car ceux-ci s'enlèvent moins facilement qu'un bracelet d'identité… Par ailleurs, mieux vaut avertir le voisinage - voisins, commissariat de police, commerçants - de la maladie. Celui-ci sera ainsi susceptible de devenir un précieux allié en cas de recherche.
En cas de fugue, il est important pour les proches de disposer en permanence d'une photo récente de la personne ainsi que d'une fiche récapitulant les éléments utiles à la recherche: nom, prénom, âge, taille, traits physiques caractéristiques...… Enfin, il est intéressant de savoir "que nous retrouvons très souvent les personnes là où elles habitaient dans leur enfance. C'est à cet endroit qu'il faut chercher en premier!", conclut Marguerite Mormal.
Karell Robert Journaliste santé
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