Publié le 23/02/2011 à 23:09
La vie affective et sexuelle des personnes touchées par la maladie d'Alzheimer est encore bien trop souvent un sujet sensible! Quels changements sont susceptibles de survenir après le diagnostic de la maladie et comment gérer ces nouveaux comportements? Eléments de réponse.
Les difficultés affectives ou sexuelles que peuvent rencontrer les personnes souffrant de la maladie d'Alzheimer et leur partenaire ne sont que trop rarement abordées! Par pudeur, par gêne ou par discrétion, il arrive que les patients ou leur conjoint n'osent évoquer la question avec le médecin. Et parfois, le praticien lui-même ne fait pas toujours le premier pas… Alors, qu'en est-il?
La maladie d'Alzheimer peut augmenter chez certaines personnes le besoin de relations sexuelles. Les problèmes surviennent lorsque cet intérêt accru pour le sexe n’est pas partagé par le partenaire… Bénédicte Guillaume, neurologue au CHU de Liège, nous explique: "Si le désir est tourné vers des personnes non consentantes ou qu’il donne lieu à des comportements gênants, il faudra peut-être avoir recours à une médication pour en atténuer l’intensité". Ainsi, des antidépresseurs sont parfois administrés. "Mais attention, nous n’avons pas toujours recours à une solution thérapeutique… Parfois, nous privilégions le dialogue avec le patient. Il s'agit toujours de traiter ce symptôme au cas par cas!", précise t-elle.
A l'inverse, il peut également arriver que le désir sexuel disparaisse chez le patient. Cette baisse de libido est le plus souvent imputable à une tendance dépressive, qui n’est qu’un symptôme parmi d’autres de la maladie d’Alzheimer. Le neurologue peut alors décider de traiter la dépression. "En réalité, les patients Alzheimer ne se plaignent que rarement de cette baisse de libido, la demande vient le plus souvent de leur partenaire", note Jean-Christophe Bier, neurologue à l'hôpital Erasme à Bruxelles. Cependant, le sexe n’est pas toujours central dans les relations de couple et beaucoup se satisfont d’autres marques d’affection, comme des caresses ou des gestes tendres.
Dans un stade avancé de la maladie, celui où le patient ne reconnaît plus ses proches, il peut également arriver que son besoin affectif et sexuel se tourne vers d’autres personnes que son partenaire. Le problème peut notamment se poser en maison de repos et de soins. "Néanmoins, ce cas de figure ne se rencontre qu’assez rarement. Il faut que le conjoint garde bien à l’esprit que ce désir est avant tout impulsif et qu’il ne s’agit pas d’une marque d’amour. Il ne doit pas en conclure que son partenaire a cessé de l’aimer!", précise le Dr Guillaume. Par ailleurs, le partenaire n’est pas toujours bouleversé quand le désir du patient se tourne vers un autre. Le Dr Bier observe: "Le plus traumatisant, c’est de ne pas être reconnu par la personne que l’on aime. Ensuite, lorsque le deuil du type de relation précédente est réalisé, cette question du désir devient secondaire pour la plupart des gens". Et de conclure… "Quoiqu'il advienne, il ne faut jamais hésiter à aborder le sujet avec le praticien si le besoin s'en fait sentir!"
Judith Lachterman
Journaliste santé
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Pour le savoir, nous avons interrogé le Dr Anne-Geneviève Herbaut, neuro-urologue de la Clinique multidisciplinaire du Plancher pelvien à l'hôpital Erasme (Bruxelles).
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