Publié le 23/02/2011 à 23:10
A un stade encore précoce de la maladie d'Alzheimer, l'écrivain flamand Hugo Claus a fait le choix de l'euthanasie. Un acte qui relance le débat de la fin de vie des personnes démentes. Que dit la loi et qu'en penser? Le point avec le juriste Jacques Delpérée.
"Si je perds la raison, il faut m'aider à partir", avait un jour confié Paul à sa femme, Georgette. Aujourd'hui, c'est trop tard. Atteint de la maladie d'Alzheimer à un stade déjà très avancé, Paul ne reconnaît plus personne. "Il faut lui donner à manger, à boire et le laver. Le soir, les infirmières le mettent au lit. Le matin, elles l'attachent dans son fauteuil pour ne pas qu'il tombe en avant. Est-ce encore vivre?"
Acte consistant à mettre intentionnellement fin à la vie d'une autre personne à la demande de celle-ci, l'euthanasie est dépénalisée sous certaines conditions en Belgique depuis le 13 septembre 2002. Des conditions qui rendent impossible sa pratique légale à l'égard d'un patient atteint de la maladie d'Alzheimer. "Premier élément indispensable: la personne qui fait la demande d'euthanasie doit être majeure, capable et consciente, c'est-à-dire apte à vouloir et à exprimer sa volonté au moment où l'euthanasie pourrait être envisagée", explique Jacques Delpérée. "A un stade avancé de la maladie, les patients Alzheimer en sont incapables. La loi exige également que la demande soit répétée. Dans la mesure où ils ne se souviennent plus de ce qu'ils ont fait ou dit la veille, les personnes démentes peuvent à nouveau difficilement exprimer une telle demande. Le problème juridique de la capacité du malade Alzheimer ne peut donc être traité qu'au cas par cas et devrait pouvoir se faire devant un juge de paix dans le cadre des procédures d'administration provisoire."
Qu'en est-il, dès lors, lorsqu'une personne en pleine possession de ses moyens exprime sa volonté d'être euthanasiée si elle devient démente? "Dans le cadre de la loi actuelle, la demande anticipée n'est possible que dans le cas du coma irréversible", précise le juriste. "Un proche ou un médecin qui déciderait de mettre fin à la vie d'une personne atteinte de la maladie d'Alzheimer pourrait être accusé d'assassinat. La preuve qu'une demande a bel et bien été formulée n'a dans ce cas valeur que de circonstance atténuante."
La loi doit-elle être modifiée? Est-elle injuste? Pour Jacques Delpérée, autoriser l'euthanasie de patients atteints de la maladie d'Alzheimer pose de nombreux problèmes. Comment décider, par exemple, du moment où l'acte d'euthanasie devrait être posé? Comment être sûr que le patient n'a pas changé d'avis entre le moment où la demande est formulée et celui où l'euthanasie serait pratiquée? Pour le juriste, plus que d'une aide pour en finir, les patients Alzheimer ont besoin d'être soutenus et protégés. "Garantir aux malades de pouvoir disposer d'une qualité de vie suffisante rendrait déjà la question de l'euthanasie beaucoup moins sensible. Mettre fin à la vie de quelqu'un qui n'est plus en pleine possession de ses moyens est présenté par certains comme le summum de l'amitié. Mais n'y a-t-il pas d'autres moyens de soutenir une personne handicapée ou malade?" L'appel à un meilleur encadrement des patients atteints de la maladie d'Alzheimer est donc une nouvelle fois lancé.
Aurélie Bastin
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