Publié le 23/02/2011 à 23:09
Réduire les apports caloriques ralentirait la progression de la maladie d'Alzheimer. Même s'il est prématuré d'effectuer des recommandations chez l'homme, une étude apporte une première preuve de l'efficacité des changements alimentaires sur la prévention et le traitement de la maladie d'Alzheimer.
Les performances cognitives déclinent avec l’âge, de manière naturelle car liées au vieillissement, mais aussi en raison de certaines pathologies. A l’opposé, le poids corporel a souvent tendance à augmenter avec les années. Cette évolution est à la fois physiologique, mais aussi fortement associée à un déclin de l’activité physique, non corrigé par une adaptation des apports caloriques. Quelques études ont déjà relié par le passé l’excès de calories au développement du trouble cognitif et de la démence. Cependant, aucune n’avait pu mettre à ce jour une évidence aussi claire entre l’apport énergétique et la progression de la maladie d'Alzheimer. Cette observation vient d’être réalisée sur des singes et des rongeurs par des chercheurs de la Mount Sinai School of Medicine, à New York (1).
L’équipe de scientifiques a eu recours à des souris transgéniques, c’est-à-dire modifiées génétiquement pour développer les symptômes de la maladie d’Alzheimer, comparables au modèle humain. A l’âge de 3 mois, les rongeurs ont été séparés en deux groupes: l’un recevait une alimentation normale, alors que l’autre subissait une restriction de 30 % de ses apports énergétiques, par une réduction des hydrates de carbones, sur sa ration alimentaire quotidienne. Neuf mois plus tard, les cerveaux des souris ont été examinés. Verdict: les souris "mises au régime forcé" présentaient très peu de symptômes de la maladie: les protéines amyloïdes, responsables de la formation de plaques séniles dans le cerveau - caractéristiques de la maladie d'Alzheimer - étaient presque absentes! A l’opposé, les souris ayant mangé normalement avaient pris du poids et développé une forme avancée de la maladie.
Cette expérience a été reproduite avec succès chez des singes, ce qui laisse espérer des résultats similaires chez l’homme. Des études épidémiologiques semblent en tout cas déjà confirmer ces résultats: les hommes qui ingèrent moins de calories ont une incidence plus faible de la maladie d’Alzheimer. Les chercheurs new-yorkais ont également identifié l’un des mécanismes sous-jacents à cet effet protecteur. La restriction calorique augmenterait l’expression de protéines appelées sirtuines au niveau du cerveau. L’une d’entre elles, dénommée SIRT-1, serait capable de provoquer le clivage des dépôts de protéines amyloïdes, empêchant ainsi les composants de la plaque amyloïde de s’agréger entre eux. De manière simplifiée, ces petites protéines procéderaient à un "nettoyage" en profondeur des régions cérébrales affectées par la maladie d'Alzheimer.
Bien sûr, il reste à confirmer ces résultats et, surtout, à les démontrer chez l’homme… Par ailleurs, une étude récente (2) indique qu'une perte de poids est peut-être un indicateur de l'apparition de la maladie d'Alzheimer. Attention donc à ne pas confondre perte de poids involontaire et restriction calorique volontaire. Dans tous les cas, il y a désormais suffisamment d’arguments pour continuer à étudier les pistes qui relient notre alimentation à la maladie d’Alzheimer.
Nicolas Rousseau Diététicien nutritionniste(1) Wang, J. FJ Express, February 2005. WebMD Medical Reference from Healthwise: "Alzheimer's Disease - What Happens." News release, Mount Sinai School of Medicine (2) Arch Neurol. 2006; 63: 1312-1317
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