Publié le 23/02/2011 à 23:10
Se réveiller la nuit, dormir le jour... La maladie d'Alzheimer s'accompagne généralement d'une perturbation du cycle "veille-sommeil". Une vie "à l'envers" difficile à gérer pour l'entourage mais dont les conséquences peuvent être limitées par quelques conseils simples et la prise de médicaments.
En raison de la perturbation au niveau des voies neuronales, la maladie d'Alzheimer s'accompagne très souvent de troubles du sommeil. En début de maladie, ces troubles prennent généralement la forme d'un excès de sommeil: le patient est plus vite fatigué, il veut aller se coucher tôt – quitte à sauter le repas du soir – et se réveille plus tard dans la matinée. Par la suite, l'évolution de la maladie entraîne un autre type de trouble: l'architecture du sommeil, avec ses différents cycles, est perturbée et la phase dite de "sommeil profond", pendant laquelle se produisent les rêves, tend à disparaître. Le patient commence alors à se réveiller fréquemment en cours de nuit, déstabilisé et manifestant parfois des troubles du comportement, ou, dans certains cas, sujet à des délires ou hallucinations.
Malheureusement, un sommeil fragmenté, léger et peu réparateur aura aussi des répercussions durant la journée. La somnolence diurne est fréquente: le patient fatigué va avoir tendance à s'endormir à n'importe quelle heure du jour, ce qui peut renforcer la dégradation de la vie sociale et les rapports avec le conjoint ou les proches. Une fois installée, l'inversion du cycle "veille-sommeil" est difficile à rétablir. C'est pourquoi il est important de limiter autant que faire se peut ce phénomène en maintenant des activités durant la journée. Encourager le patient à ne pas rejoindre son lit trop tôt pourra aussi aider à limiter les réveils nocturnes, de même que l'inciter à se réveiller à la même heure régulièrement et limiter le nombre de siestes au cours de la journée. Eviter les repas lourds et les substances telles que la caféine, la nicotine et l'alcool avant l'heure du coucher pourra également favoriser le sommeil des patients Alzheimer.
Point positif, les anticholinestérasiques (médicaments qui ralentissent la destruction de l'acétylcholine, un neurotransmetteur impliqué dans la maladie d'Alzheimer), utilisés dans les formes légères à modérées de la maladie, peuvent agir au niveau des troubles du sommeil, en empêchant les phases de sommeil de se déstructurer trop rapidement.
Par ailleurs, il est possible de recourir à des médicaments spécifiques, comme les inducteurs de sommeil ou certains anxiolytiques, pour faciliter l'endormissement. Les somnifères sont quant à eux à éviter au maximum car ils ont tendance à renforcer la désorganisation des cycles de sommeil.
Enfin, il est important de sécuriser l'environnement. Pendant la nuit, la perte des repères sensoriels va en effet favoriser la confusion. Ainsi, il n'est pas rare qu'un patient se réveille au milieu de la nuit pensant qu'il se trouve dans la maison de son enfance. S'il décide de se lever, le risque de chute sera accru puisque les repères spatiaux ne sont pas ceux qu'il imagine. Placer une lampe d'accès facile, enlever les tapis, dégager le passage et installer si possible la chambre au rez-de-chaussée sont donc autant de mesures salutaires.
Julie Luong, avec la collaboration du Dr. Philippe Desfontaines, chef du service de neurologie du CHC de Liège.
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