Publié le 23/02/2011 à 23:10
Les peptides amyloïdes AB jouent un rôle primordial dans le développement de la maladie d'Alzheimer. Eclairage et perspectives de traitement avec Jean-Pierre Brion, professeur d'histologie à l'ULB et spécialiste de la maladie d'Alzheimer.
L'amyloïde AB est une molécule de la famille des peptides. Les chercheurs ont constaté que dans les cas de la maladie d'Alzheimer, cette molécule se dépose à l'intérieur et à l'extérieur des cellules du cerveau, formant des plaques séniles. Cette accumulation et une série d'évènements successifs, également appelée "cascade amyloïde", entraîneraient la démence. Nous savons que cette molécule est produite naturellement par le cerveau. Mais pour une raison encore floue, elle devient toxique lorsqu'elle s'accumule dans les cellules ou sous forme de plaques.
Les scientifiques réfléchissent à deux hypothèses: la première serait que l'amyloïde produite naturellement ne serait pas correctement éliminée. La seconde envisage plutôt une surproduction d'amyloïde. Dans tous les cas, le résultat est le même: lorsqu'elles sont présentes en trop grandes quantités dans le cerveau, elles empêchent son fonctionnement normal.
Il existe désormais des techniques d'imageries cérébrales particulièrement efficaces, qui permettent effectivement de déceler l'accumulation d'amyloïde. Ces méthodes doivent permettre de déceler plus tôt les patients développant la maladie Mais la question fait débat: est-ce qu'il y a vraiment un intérêt à diagnostiquer de manière plus précoce la maladie d'Alzheimer, sachant qu'il n'existe pas encore de traitement contre celle-ci?
Incontestablement. Les scientifiques travaillent dans différentes voies. La première consiste à essayer d'éliminer les plaques déjà formées, par exemple par une technique d'"immunisation". Il s'agit en quelque sorte d'induire une vaccination qui permettrait de faire disparaître les plaques. Il y a plusieurs années, des équipes avaient obtenu des résultats très prometteurs sur des souris, qui avaient été vaccinées avec des peptides amyloïdes. Malheureusement, le procédé s'est avéré toxique pour l'homme. Cet axe de recherche n'a cependant pas été abandonné, et certains laboratoires tentent d'améliorer cette technique. L'autre principal voie d'approche est d'empêcher la production d'amyloïde. Nous savons qu'elle se fabrique en se séparant d'une autre molécule plus grande, dite molécule "précurseur". L'idée est d'empêcher cette séparation. Certaines molécules semblent efficaces pour prévenir l'apparition des plaques. Mais cette efficacité n'a pas encore été validée sur l'homme.
C'est très difficile à dire, car ce qui fonctionne en théorie ou sur des souris ne marche pas toujours chez l'homme. De même les protocoles de recherche et de validation pharmacologiques sont assez longs, car ils exigent des contrôles de sécurité et d'efficacité très pointus. Néanmoins, il y a un véritable effort général, et de très nombreux laboratoires sont engagés dans ce défi. Je pense que d'ici cinq à dix ans, il y aura sûrement un traitement capable de lutter contre la formation de plaques d'amyloïde. Il ne faut pas oublier non plus qu'il y a aussi d'autres approches de recherche, actuellement en cours d'étude, pour combattre la maladie d'Alzheimer.
Propos recueillis par Jonathan Barbier
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