Publié le 23/02/2011 à 23:05
Si boire un ou deux verres d'alcool par jour contribue à augmenter le taux de "bon" cholestérol (HDL-cholestérol) et à diminuer les risques de maladies cardiovasculaires, qu'en est-il pour les reins? L'alcool joue-t-il là un rôle protecteur ou, au contraire, néfaste? La réponse semble devoir être nuancée en fonction des quantités consommées.
D'après une étude publiée dans les Archives de Médecine Interne (Archives of Internal Medicine) en mai 2005 (1), consommer de l'alcool avec modération pourrait être bénéfique pour les reins. Après avoir suivi plus de 11.000 hommes en bonne santé pendant 14 années, des chercheurs ont en effet constaté que les personnes qui boivent en moyenne 7 verres par semaine ont 30 % de risques en moins de présenter un taux de créatinine élevé (signe d'une fonction rénale défaillante) par rapport à ceux qui consomment très peu ou pas du tout d'alcool.
Ces chercheurs se positionnent donc à contre-courant de la plupart des études qui démontrent un effet globalement néfaste de l'alcool sur les reins dû à une augmentation de la tension artérielle, facteur de risque de l'insuffisancerénale. Selon eux, l'effet cardioprotecteur du "bon" cholestérol pourrait expliquer les résultats qu'ils ont obtenus. "Une consommation modérée d'alcool – deux verres maximum par jour pour les hommes et un verre pour les femmes – peut limiter les risques cardiovasculaires", confirme Mercedes Vignioble, diététicienne du service de néphrologie des Cliniques Universitaires Saint Luc. Une constatation qui ne doit toutefois pas occulter les conséquences négatives indirectes de l'alcool sur les reins. "Consommer des boissons alcoolisées en grande quantité augmente le taux de triglycérides (lipides) dans le sang, phénomène qui accentue les risques cardiovasculaires, l'hypertension artérielle et la prise de poids (éventuellement synonyme d’obésité et de diabète). Autant de complications qui peuvent être à l'origine d'une insuffisancerénale."
"Les recommandations en matière d'alcool sont les mêmes pour les insuffisantsrénaux que pour la population générale", précise Mercedes Vignioble. "Les personnes dialysées doivent toutefois veiller à limiter les volumes de boissons consommés. Je leur conseille donc d'éviter les cocktails et d'opter plutôt pour apéritif servi dans un petit verre ou un pousse-café. Quant aux patients greffés, ils doivent eux aussi suivre les mêmes recommandations que la population générale, mais doivent éviter de boire de l'alcool pendant leur période de convalescence."
Aurélie Bastin, avec la collaboration de Mercedes Vignioble, diététicienne aux Cliniques Universitaires Saint Luc.
(1) Schaeffner. E., "Archives of Internal Medicine", May 2005, vol 165, pp. 1048-1053.
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