Publié le 23/02/2011 à 23:07
Pour les patients dialysés atteints de diabète de type I, une double transplantation rein-pancréas peut être indiquée. Explication avec le Pr Jean-Paul Squifflet, chirurgien au service de chirurgie abdominale et de transplantation du Centre Hospitalier Universitaire de Liège.
Il s'agit d'une indication qui reste assez rare. En Belgique, seules 20 à 30 greffes combinées sont réalisées chaque année, contre 450 à 500 greffes de rein. Les patients concernés sont pour la plupart atteints d'un diabète de type 1 (diabète juvénile) présentant des complications au niveau des reins. Lorsque cette atteinte rénale devient trop importante et nécessite un traitement par dialyse, il leur est conseillé de s'inscrire sur une liste d'attente pour une greffe combinée (transplantation simultanée du rein et du pancréas d'un même donneur). A ce stade, ces patients sont en général âgés de 30 à 50 ans.
Que le rein soit transplanté seul ou non, le traitement anti-rejet est identique: les mêmes médicaments sont administrés aux mêmes doses. Profiter de cette opération pour greffer un pancréas aux personnes atteintes de diabète de type 1 permet de faire d'une pierre deux coups. Le diabète de type 1 est une maladie auto-immune qui détruit les cellules productrices d'insuline au niveau du pancréas. Leur corps n'en produisant plus par lui-même, ces patients sont contraints de s'injecter cette hormone plusieurs fois par jour et de contrôler régulièrement leur glycémie (concentration de glucose dans le sang). La réussite des deux greffes leur évite la dialyse, mais aussi toutes les contraintes liées au diabète.
C'est exact. Durant la période périopératoire, tout est multiplié par 2. De 2 heures pour une greffe de rein, le temps opératoire passe à 4 heures pour une greffe combinée. Après l'opération, il faut également compter le double du temps en salle de réveil. La reprise du transit intestinal est elle aussi ralentie. Après une greffe combinée, il faut attendre plusieurs jours avant de pouvoir se réalimenter et compter au minimum 15 jours d'hospitalisation. Mais une fois cette période à plus haut risque dépassée, il est clair que les bénéfices à long terme sont plus importants.
Nous n'avons encore jamais effectué d'opération de ce type en Belgique, mais cela se fait dans certains centres américains. Après les examens habituels pour vérifier que le rein pourra être transplanté sans problème, le donneur est mis en stand by jusqu'à ce qu'un pancréas puisse être prélevé dans de bonnes conditions sur une personne en état de mort cérébrale. Pour le patient greffé, l'opération est identique à une transplantation combinée "classique". A Minneapolis, une cinquantaine de greffes combinées de rein-pancréas provenant d'un donneur vivant ont été effectuées. Seul un morceau du pancréas était alors prélevé. Les résultats sont identiques, mais l'opération est plus compliquée à réaliser et ne se justifie pas d'un point de vue éthique, l'offre correspondant plus ou moins à la demande en ce qui concerne le pancréas.
Propos recueillis par Aurélie Bastin.
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