Publié le 23/02/2011 à 23:08
A en croire certains, l'accroissement du coût des soins de santé risque de prendre des allures catastrophiques dans les 30 à 50 années à venir. Plusieurs facteurs sont pointés du doigt: le vieillissement de la population, l'augmentation de maladies chroniques, comme par exemple la maladie d'Alzheimer. Le tableau est-il vraiment aussi noir?
Les projections démographiques à l'échelle de la Belgique indiquent toutes un vieillissement de la population d'ici 2050. De manière lapidaire, on peut dire que les soins de santé sont en grande partie consacrés aux personnes âgées. Pour expliquer l'augmentation de la part des soins de santé dans le PIB, les observateurs pessimistes mettent en cause l'évolution socioculturelle de la notion de santé. Les patients nourrissent en effet des attentes de plus en plus grandes vis-à-vis de la médecine et les actes médicaux se multiplient.
Mais dans des questions aussi importantes, il vaut mieux ne pas se contenter de réflexions succinctes. D'éminents économistes ont calculé l'évolution des soins de santé en Belgique (1) afin de contribuer à une meilleure connaissance et à un meilleur fonctionnement de la sécurité sociale dans notre pays. Voici quelques-unes de leurs conclusions:"En termes réels, les dépenses publiques en matière de santé s'élèvent à 1.900 € par an et par personne à l'heure actuelle. En 2050, ces dépenses pourraient avoisiner 8.000 €. Les dépenses totales (dépenses publiques et dépenses privées) par personne pourraient passer d'un montant actuel d'environ 2.800 € à 11.600 €."Ces chiffres n'ont rien d'alarmant pour ces experts de l'économie. En se basant sur des scénarios de croissance jugés réalistes, "le revenu national augmentera bien plus en pouvoir d'achat absolu. Indépendamment des soins, les générations actuelles disposent d'environ 24.200 € par personne pour leurs dépenses, tandis que les générations futures pourront y consacrer environ 50.200 € (en euros actuels)."D'après ces chiffres, la prospérité des générations futures n'est donc pas mise en péril par l'expansion du secteur des soins. Qui plus est, "le développement du secteur des soins contribue à la création totale de prospérité actuelle et future. (…) En 2050, on pourra dépenser par personne, en pouvoir d'achat réel et indépendamment des soins, le double du budget actuellement disponible."
Une autre étude réalisée par le Pr Jozef Pacolet (2) s'est intéressée au coût des soins aux personnes atteintes de démence.Cette enquête conclut qu'au niveau des soins à domicile, le coût des soignants professionnels ne diffère pas de manière significative entre un groupe de personnes âgées et un autre, constitué de personnes atteintes de démence, parmi lesquelles la maladie d'Alzheimer. Ce qui peut paraître surprenant étant donné la dépendance plus élevée des patients Alzheimer.Les soins informels, par contre, sont nettement plus élevés dans le cas de patients atteints de la maladie d'Alzheimer ou de toute autre forme de démence. Comme nous l'avons expliqué dans plusieurs articles ces dernières semaines, les soins informels prodigués par l'entourage permettent de retarder l'institutionnalisation de patients Alzheimer, et par là-même, d'alléger considérablement la facture globale de la prise en charge de ces patients par la société. Les auteurs de l'étude soulignent donc l'importance de soutenir les aidants à domicile, tant du point de vue financier qu'organisationnel.
(1) "Vieillissement, aide et soins de santé en Belgique" Par Jozef Pacolet, Denise Deliège, Caroline Artoisenet, Griet Cattaert, Véronique Coudron, Xavier Leroy, Annick Peetermans, Christian Swine Une publication de la Direction générale Politique sociale (2) Tijd voor zorg en kostprijs van de zorg voor personen met dementie: een micro en macro-perspectief. Prof. dr. Jozef Pacolet & Georges Hedebouw, Sarah MisplonPartager et imprimer cet article
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