Publié le 23/02/2011 à 23:05
À l'heure actuelle, la probabilité pour les dialysés d'être porteur du virus de l'hépatite C est environ trois fois plus élevée que pour la population générale. Invalidante, cette maladie ne diminue pas très fortement l'espérance de vie des patients, mais peut limiter ou retarder leurs chances d'accéder à la greffe.
"Dans les années 60, alors que la dialyse n'en était qu'à ses balbutiements, les cas d'hépatite étaient très fréquents chez les patients dialysés", rappelle le Pr Michel Jadoul, chef du service de Néphrologie des Cliniques Universitaires Saint Luc. "À cette époque, les différents virus de l'hépatite n'avaient pas encore été identifiés, mais leur mode de transmission (par voie sanguine) était déjà connu. Dans la mesure où l'hémodialyse consiste à faire transiter le sang à l'extérieur du corps, il n'était pas étonnant que de nombreux cas d'hépatite soient détectés en dialyse." Au début des années 70, le virus B de l'hépatite est finalement identifié et des mesures préventives sont adoptées. Mesures qui ne semblent pas résoudre entièrement le problème...
"Une forme encore inconnue d'hépatite touchera encore de nombreux patients dialysés jusqu'en 1989, lorsque des chercheurs découvriront le virus incriminé. À cette époque, les tests indiquaient qu'environ 15 % des personnes dialysées étaient porteuses de l'hépatite C en Belgique", souligne le Pr Jadoul. "Jusqu'en 1987, les transfusions sanguines étaient légion pour les personnes atteintes d'insuffisance rénale, l'usage de l'érythropoïétine n'étant pas encore généralisé. Aux cas d'hépatite C contractée avant l'entrée en dialyse, venaient également s'ajouter les transmissions du virus de patient à patient par l'intermédiaire de l’environnement des salles de dialyse (mains du personnel, surfaces des machines parfois contaminées par du sang…)."
De la même façon que pour enrayer le virus de l'hépatite B, des mesures sont prises pour limiter la contamination par le virus C des personnes atteintes d'insuffisance rénale. "Grâce au dépistage, les donneurs de sang contaminés ont pu être écartés et, aujourd'hui, le risque de contamination par transfusion est devenu pratiquement nul", insiste le Pr Jadoul. Reste donc à respecter quelques mesures d'hygiène. "En dialyse, le personnel soignant doit se laver les mains et changer de gants après chaque patient", précise le Pr Jadoul. "Il faut également veiller à ce que toutes les surfaces qui pourraient avoir été en contact avec du sang soient nettoyées régulièrement et que le matériel de dialyse (garrots par exemple) ne soit pas échangé entre les patients." Ces mesures ont permis de réduire considérablement le nombre de dialysés contaminés. D'après une étude réalisée aux Cliniques Universitaires Saint Luc, seuls 5 % des patients étaient encore porteurs du virus en 2006.
Aurélie Bastin, avec la collaboration du Pr Michel Jadoul, chef du service de Néphrologie des Cliniques Universitaires Saint Luc.
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