Publié le 23/02/2011 à 23:07
Complication courante en cas d'insuffisance rénale, l'anémie, doit être dépistée le plus rapidement possible. Entraînant des problèmes cardiaques, elle multiplie en effet le taux de mortalité lorsque l'insuffisance rénale atteint un stade très avancé.
L'anémie correspond à une diminution anormale du taux d'hémoglobine dans le sang. Présente dans les globules rouges, cette protéine assure le transport de l'oxygène à destination des organes et des muscles. Quand l'anémie survient, cette fonction est considérablement affaiblie, ce qui peut entraîner des problèmes cardiaques chez le patient. En cas d’insuffisance rénale, la probabilité de développer un tel dysfonctionnement est fréquente.
En cause, l'érythropoïétine (EPO), une hormone fabriquée par les reins qui a pour fonction de stimuler la production de globules rouges par la moelle osseuse. En cas de problèmes rénaux, la synthèse de l'EPO est diminuée. Conséquence: le taux d'hémoglobine dans le sang devient lui aussi insuffisant. Chez les personnes hémodialysées, l’anémie est également souvent renforcée par les pertes de fer, molécule indispensable à la fabrication de l'hémoglobine. "À l'issue d’une dialyse, il reste toujours du sang, donc du fer, dans le circuit extra-corporel. Il faut donc absolument combler les besoins de ces patients par des compléments alimentaires", souligne le Pr Max Dratwa, chef du service de néphrologie au CHU Brugmann.
En bonne santé, un homme possède un taux d'hémoglobine situé entre 13 et 18 gr pour 100 dl. Pour une femme, il est compris entre 12 et 15 gr pour 100 dl. Chez un malade atteint d'insuffisance rénale, ces valeurs peuvent baisser considérablement sans que l’anémie soit détectée. C’est ce qui ressort d’une enquête 2007 publiée récemment par l’association rénale européenne ERA-EDTA, qui pointe un dépistage souvent tardif de cette anomalie. "Un tiers des malades ne sont pas encore référés dans les deux mois qui précèdent l’entrée en dialyse", confirme le Pr Max Dratwa. Avec des symptômes type fatigue, troubles du sommeil ou de la concentration, l’anémie présente des caractéristiques assez courantes, susceptibles de masquer leur véritable origine. Or, comme le souligne cette étude, il y a urgence à établir un diagnostic précoce: l’anémie multiplie le risque de mortalité lorsque l’insuffisance rénale atteint un stade très avancé. Augmentant le travail cardiaque et favorisant l’hypertrophie ventriculaire (augmentation de volume de l'une des deux grandes cavités du c'ur), elle renforce en effet le risque cardiovasculaire.
D'autant que plus l'anémie est décelée tardivement, plus elle est difficile à corriger. "En raison notamment d’infections ou d’inflammations concomitantes, il est difficile de stabiliser les taux d'hémoglobine des patients atteints d’insuffisance rénale, et particulièrement celui des dialysés" souligne le Pr Max Dratwa. Pour soigner l’anémie, les médicaments favorisant l’érythropoïèse sont les plus efficaces. Ils sont néanmoins insuffisants en cas d’anémie liée à une carence en fer, en vitamine B12 ou en acide folique. Des traitements complémentaires sont alors prévus pour atteindre les taux d'hémoglobine correspondant aux valeurs cibles des médecins. Généralement, comprises entre 11 et 12 gr pour 100 dl, ces valeurs sont volontairement inférieures à celles recommandées chez les personnes saines. "Une augmentation trop importante du niveau d'hémoglobine peut être un facteur d’hypertension artérielle, de thrombose et même de problèmes cardiovasculaires", explique le Pr Dratwa. "Les bénéfices en terme de qualité de vie seraient trop minimes par rapport aux risques encourus."
Jonathan Barbier
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