Pr Chantal Doyen, chef de service associée d’hématologie au CHU UCL Namur\*
Depuis quelques années, l’espérance de vie des personnes atteintes d’un myélome multiple s’est considérablement allongée grâce aux énormes progrès engrangés par la recherche scientifique
Comment l’espérance de vie des personnes atteintes d’un myélome a-t-elle évolué ces dernières années?
Elle s’est considérablement allongée! Il faut savoir que la recherche scientifique dans le domaine du myélome est tout particulièrement active. Des groupes nationaux et internationaux de médecins et chercheurs (HOVON, IFM…) travaillent ensemble afin de mieux comprendre la maladie et les mécanismes qui permettent de la maîtriser. De nombreuses études cliniques sont mises en place pour valider et recommander les meilleures stratégies thérapeutiques.
La gamme des traitements du myélome est dès lors diversifiée et s’enrichit régulièrement.
Entre outre, les médicaments employés aujourd’hui sont beaucoup plus efficaces qu’il y a une quinzaine d’années. À l’heure actuelle, notre objectif est d’obtenir la rémission (diminution, voire disparition des signes de la maladie) la plus complète et la plus longue possible.
Quelles évolutions majeures peut-on épingler au niveau des traitements?
Entre 1980 et le début des années 2000, les progrès ont porté essentiellement sur les autogreffes de moelle osseuse. Ces thérapies permettent d’obtenir davantage de réponses «complètes» au traitement (disparition des signes et symptômes du myélome). L’espérance de vie des personnes qui en bénéficient est prolongée. Mais ce traitement est réservé aux patients de moins de 65 ans, c’est-à-dire à un petit pourcentage seulement des personnes atteintes d’un myélome.
D’autres progrès thérapeutiques, susceptibles de bénéficier également aux patients plus âgés, ont ensuite été réalisés. Je pense par exemple au développement de traitements immunomodulateurs qui, associés au traitement classique, permettent de prolonger significativement la survie des patients de plus de 65 ans.
De nouveaux médicaments sont aussi apparus…
Effectivement: la gamme des inhibiteurs du protéasome et des immunomodulateurs s’est enrichie. L’efficacité de ces médicaments a été étudiée dans un premier temps en cas de rechute ou de myélome «réfractaire» (qui résiste au traitement). Ils ont ensuite fait l’objet d’études visant à évaluer l’opportunité de leur utilisation en première ligne. Ces nouveaux produits se sont à chaque fois révélés meilleurs que les traitements standards. Ils sont désormais employés en première ligne chez les patients qui ne sont pas candidats à l’autogreffe.
Quel est l’avenir des traitements du myélome?
Une des nouveautés intéressantes pour les patients est constituée par l’arrivée d’inhibiteurs du protéasome de nouvelle génération qui, pour certains, sont déjà disponibles en Belgique, tandis que d’autres sont encore cours de développement.
Parallèlement à cela, un espoir thérapeutique nouveau réside dans le développement de traitements qu’on appelle «anticorps monoclonaux». Il s’agit de molécules qui ressemblent aux anticorps que nous produisons lorsque nous sommes exposés à un agent infectieux. Ces anticorps monoclonaux se fixent sur des protéines spécifiques présentes à la surface des plasmocytes, ce qui active le système immunitaire du patient et le conduit à détruire les cellules cancéreuses. Dans le cas du myélome, les anticorps monoclonaux seront utilisés en combinaison avec d’autres traitements. Toutes ces nouvelles stratégies thérapeutiques constitueront un bénéfice énorme pour les patients!
On le voit, les connaissances sur le myélome et les mécanismes qui permettent de le prendre en charge de manière optimale ne cessent de s’approfondir, et ce grâce à la recherche clinique menée par des groupes comme l’IFM. Les patients sont d’ailleurs encouragés à participer aux études cliniques.
Dans tous les cas, il est très important pour les patients de comprendre leur maladie, ses traitements et les progrès de la recherche dans ce domaine. À cet égard, le rôle des associations de patients (Mymu, af3m, CMP Vlaanderen…) est primordial. Des sites comme myélome-patient.info constituent également des sources d’information fiables.
* Le Pr Chantal Doyen est aussi présidente du Myeloma Committee de la Belgian Hematology Society (BHS) et membre belge de l’Intergroupe Francophone du Myélome (IFM)
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