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SEP, immunosuppresseurs et infections opportunistes: quels sont les liens?

SEP, immunosuppresseurs et infections opportunistes: quels sont les liens?

Dr Barbara Willekens, neurologue à l’UZ Antwerpen

Si les immunosuppresseurs apportent de réels bénéfices dans le traitement de la sclérose en plaques (SEP), il est cependant nécessaire de peser le pour et le contre quand ce type de médicament est envisagé. Le Dr Barbara Willekens, neurologue à l’UZ Antwerpen, explique pourquoi le risque d’infection augmente chez les patients qui prennent ce traitement.

Quel est le mécanisme d’action d’un traitement immunosuppresseur?

Un traitement immunosuppresseur réfrène l’action du système immunitaire. Certains mécanismes de défense de l’organisme (comme l’action des globules blancs) vont dès lors moins bien fonctionner, voire être détruits. Le système immunitaire protège alors moins efficacement l’organisme contre les intrus (virus, bactéries, champignons…).

Quels sont les traitements immunosuppresseurs de la SEP et comment agissent-ils?

Ces médicaments réfrènent l’action des globules blancs, ce qui permet de limiter les foyers d’inflammation responsables des symptômes de la SEP. Leur action sur le système immunitaire varie d’un produit à l’autre.

  • Le natalizumb (Tysabri®) empêche les lymphocytes d’atteindre le cerveau. Le système immunitaire fonctionne alors moins bien dans le cerveau.
  • Le fingolimod (Gilenya®) retient les lymphocytes dans les ganglions lymphatiques, ce qui les empêche de passer dans la circulation sanguine et les rend moins actifs contre les intrus.
  • La mitoxantrone (Novantrone®) diminue la production de globules blancs. Ce médicament n’est pratiquement plus utilisé chez les personnes atteintes de SEP en raison des effets secondaires à long terme qu’il occasionne.
  • L’alemtuzumab (Lemtrada®) est un nouveau venu. Il agit en se liant à la surface des globules blancs et provoque la destruction de ceux-ci.
  • Le dyméthyl fumarate (Tecfidera®) peut aussi exercer un effet immunosuppresseur si le taux de lymphocytes chute sous un certain seuil. Ce n’est heureusement pas très fréquent.
  • Enfin, le tériflunomide (Aubagio®) peux également entraîner une diminution du taux de globules blancs.

Quels sont les effets secondaires des traitements immunosuppresseurs dans le cas de la SEP?

Les immunosuppresseurs peuvent provoquer de nombreux effets indésirables, qui sont toutefois généralement rares.

Ces effets secondaires sont souvent liés à l’action spécifique du médicament. Il s’agira par exemple de réactions allergiques avec les anticorps monoclonaux comme le natalizumab et l’alemtuzumab, de troubles du rythme caradiaque avec le fingolimod, de maladies auto-immunes avec l’alemtuzumab, d’infections opportunistes, de cancers, d’infections comme le zona(1). Ces effets indésirables sont liés au produit utilisé. Les notices des médicaments compilent les effets secondaires spécifiques à chaque immunosuppresseur.

Dans le cas de la SEP, le risque de développer une infection opportuniste touchant le cerveau est plus élevé chez les patients sous immunosuppresseurs. Pourquoi?

Les infections dites «opportunistes» se développent à la faveur d’un affaiblissement du système immunitaire lié à certaines maladies (comme le SIDA, par exemple) ou à la prise de médicaments immunosuppresseurs. Les patients atteints de SEP sous immunosuppresseurs peuvent développer des infections opportunistes sévères parce que leurs globules blancs ne défendent plus suffisamment leur organisme contre les agressions extérieures.

Le risque d’encéphalite (inflammation du cerveau), notamment, est plus élevé avec les immunosuppresseurs qui empêchent les globules blancs d’atteindre le cerveau. Les patients sous natalizumab ont ainsi un risque accru de développer une leucoencéphalopathie multifocale progressive (LEMP). Cette infection cérébrale est causée par un virus appelé « le virus JC ». Quelques rares cas de LEMP ont également été observés sous finglolimod et sous dyméthyl fumarate.

Est-il possible de prévenir ces infections opportunistes?

Il est impossible de prévenir toutes les infections opportunistes et les mesures de précaution à prendre diffèrent d’un médicament à l’autre.

Une analyse de sang peut aider à évaluer le risque de LEMP chez les patients sous natalizumab car ce risque est plus élevé chez les patients qui ont déjà été en contact avec le virus JC. Un examen d’imagerie médicale (par résonance magnétique) du cerveau sera régulièrement pratiqué afin de dépister précocement une LEMP. Il semble que plus la détection est précoce, meilleur est le pronostic. Le traitement sous natalizumab peut alors en effet être interrompu à temps, permettant au système immunitaire de se rétablir.

Le suivi du nombre de globules blancs dans le sang peut aussi aider à évaluer le risque d’infection opportuniste, notamment chez les patients sous fingolimod, dyméthyl fumarate et tériflunomide.

Il est par ailleurs recommandé aux patients atteints de SEP sous alemtuzumab de suivre un régime alimentaire spécifique pour prévenir les infections causées pas la bactérie Listeria. Un traitement antiviral temporaire contre le virus varicelle-zona peut également leur être prescrit.

Faut-il craindre ces infections et ne plus prendre de traitements immunosuppresseurs?

Le risque absolu d’effets secondaires et d’infections reste extrêmement limité et une très petite minorité de patients développeront une infection opportuniste. L’instauration d’un traitement comprenant des immunosuppresseurs est toujours le fruit d’une réflexion menée en concertation entre le neurologue et le patient. Il ne faut pas oublier que la SEP est une maladie grave, qui nécessite dès lors parfois de prendre plus de risques avec certains traitements qui peuvent s’avérer plus efficaces.

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