Publié le 18/02/2016 à 16:52
Les «échelles», ce sont ces tests et questionnaires proposés aux patients SEP pour évaluer et suivre l’évolution de leur maladie. À quoi ces méthodes d’évaluations servent-elles concrètement?
Échelle EDSS et SEP
«L’échelle la plus utilisée est l’EDSS (Expanded Disability Status Scale)», précise le Pr Valérie Delvaux, chef de clinique de neurologie au CHU de Liège. «L’EDSS repose sur un examen neurologique détaillé. La marche en est le paramètre central mais le score EDSS tient aussi compte d’autres fonctions neurologiques comme l’équilibre, la sensibilité, la fonction urinaire ou encore la vue.»
Mesure de la marche dans la sclérose en plaques
«Pour déterminer le périmètre de marche de manière objective, nous disposons d’une série d’outils permettant d’évaluer les troubles de la mobilité», poursuit le Pr Delvaux. «Les échelles de marche, par exemple, se basent sur le temps que prend un patient pour parcourir une distance donnée.»
D’autres tests permettent d’apprécier la motricité, la force de préhension ou encore la coordination des membres inférieurs et supérieurs.
Évaluer les troubles cognitifs liés à la SEP
Les troubles cognitifs (problèmes de mémoire, troubles de l’humeur, fatigue…) sont mieux pris en compte qu’auparavant dans l’évaluation des patients SEP. Plus de la moitié des personnes atteintes de SEP(1) sont concernées par ce type de problèmes, avec un impact parfois majeur sur leur vie quotidienne. D’où l’intérêt d’une évaluation neuropsychologique et l’apparition d’échelles destinées à apprécier les fonctions cognitives. Parmi celles-ci, la SDMT (Symbol Digit Modalities Test) consiste en un test où les patients SEP doivent associer des numéros à des séries de formes géométriques dans un laps de temps limité. En évaluant la vitesse de traitement de l’information, ce test permet de détecter des troubles de la mémoire et/ou de la concentration et d’agir en conséquence, par exemple en orientant le patient vers un neuropsychologue (psychologue spécialisé dans l’évaluation des troubles intellectuels et la rééducation).
Il existe par ailleurs des échelles de dépression/anxiété ou de fatigue sous forme de questionnaires que le patient est invité à remplir avec son neurologue afin de pondérer les échelles cognitives. En effet, anxiété et dépression peuvent altérer le fonctionnement intellectuel et, dès lors, avoir un impact négatif sur les résultats des tests cognitifs.
Objectiver les plaintes des patients SEP
«Mon état se dégrade», «je marche moins vite», «je suis moins autonome»: autant de plaintes qui peuvent faire l’objet d’évaluations par des échelles «quantitatives». «Ces dernières permettent de confirmer ces impressions ou, au contraire, de démontrer au patient que son état reste stable. Elles peuvent aussi aider à dépister des atteintes qui étaient passées inaperçues.»
«De la même manière qu’une prise en charge multidisciplinaire de la SEP est indispensable, les échelles sont un complément à l’anamnèse (renseignements fournis au médecin par le patient) et aux examens neurologiques et radiologiques dans le suivi au long cours des patients SEP», commente le Pr Delvaux.
les SEP de forme progressive
Contrairement aux formes à poussées-rémissions (relapsing-remitting), l’évolution des SEP primaires progressives ou secondaires progressives ne se reflète généralement pas dans les examens d’imagerie médicale. «Mais les échelles nous permettent de mesurer l’évolution de ce type de SEP», observe le Pr Delvaux. «Alors que les examens radiologiques tendent à rester stables en dépit de l’avancée de la maladie, les scores cognitifs, le périmètre de marche ou les aptitudes du patient à réaliser les tests de dextérité varient en fonction de la progression de ces formes de SEP.»
Évaluer le traitement de la SEP
«Les échelles peuvent aider à évaluer l’efficacité des traitements de fond de la SEP chez un patient donné», explique le Pr Delvaux. «Les "scores" obtenus évoluent-ils quand on modifie le traitement? Celui-ci a-t-il une incidence sur la fatigue, la motricité ou la progression du handicap?»
Les échelles sont en outre de plus en plus utilisées dans le cadre d’études cliniques. Elles permettent alors de comparer les données de cohortes de patients traités différemment sur base de critères communs.
(1)Guimarães J and Sá MJ (2012) Cognitive dysfunction in Multiple Sclerosis. Front. Neur. 3:74. doi: 10.3389/fneur.2012.00074.
Aude Dion
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