Publié le 23/02/2011 à 23:11
Généreux et dévoué, l'aidant est aussi soumis à de nombreuses difficultés, qu'elles soient matérielles ou émotionnelles. Des obstacles qui sont souvent responsables d'un stress intense.
Lors de la matinée de conférences organisée à l'occasion de la journée mondiale de la maladie d’Alzheimer (le 17 septembre dernier), l’association Alzheimer Belgique avait invité plusieurs professionnels engagés contre la maladie. Parmi les interventions remarquées: celle de Nadine Bosman, psychologue aux Jardins de la Mémoire, maison de repos et de soins pour les patients âgés souffrant de démence. Dans un exposé d’une trentaine de minutes, elle a évoqué le stress des aidants.
Parents ou amis d’une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer, les aidants ont choisi de s’occuper personnellement du patient, à domicile. Une décision courageuse, car ce suivi est particulièrement exigeant.
«La tâche est d’autant plus difficile que l’aidant n’est pas un professionnel des soins, qu’il n’a pas été formé et n’est pas rémunéré pour assumer cette fonction. De plus, il est intimement lié au patient: il est à la fois aidant et aimant», remarque Nadine Bosman. Une position qui pèse sur l’état d’esprit du proche. «La maladie influence considérablement le comportement du patient. D’une certaine manière, l’aidant doit, en plus de son travail quotidien, faire le deuil symbolique d’une personne qui est toujours présente».
Et les sources de stress sont nombreuses: «la nature des soins à accomplir, le temps passé auprès du patient, les troubles du comportement… ce sont des difficultés objectives qui font que l’aidant a parfois le sentiment d’être dépassé, et nourrit un sentiment d’incompétence».
Outre ces difficultés, la psychologue pointe des «sources secondaires de stress»: ce sont les conséquences indirectes liées à la charge que constitue le soutien apporté. «Il y a le manque de temps disponible pour ses propres loisirs, les éventuels problèmes financiers qu’implique cette charge. Il y a aussi les conflits avec les autres membres de la famille: ils reprochent parfois un manque de disponibilité de l’aidant qui est entièrement dévoué au patient.»
Ces sources de stress ont évidemment un impact variable. Selon la personnalité de l’aidant, ses croyances, son histoire personnelle, son environnement, etc., elles influent plus ou moins sur son moral.
Mais dès lors que les signes de stress se manifestent, il faut réagir. Comment les reconnaître? «L’anxiété, la colère, l’épuisement, des insomnies, un manque de concentration, des réactions trop émotives ou encore des problèmes de santé doivent alerter», souligne Nadine Bosman.
Pour tenir le coup, l’aidant n’a pas d’autre choix que de limiter l’impact du stress. «Soit en modifiant les problèmes qui en sont à l’origine, soit en régulant sa réponse émotionnelle à ces problèmes», suggère la psychologue.
Selon l’origine du stress, différentes solutions peuvent être adoptées.
«La participation à des groupes d’entraides, à des séances d’information sur la maladie, ou encore l’appel à des associations ou à des professionnels peuvent permettre de régler certains problèmes d’ordre matériel», note Nadine Bosman. Les mêmes associations et certaines structures sont aussi capables de fournir un soutien émotionnel, en enseignant des techniques de relaxation ou en apprenant à prendre de la distance par rapport à la situation vécue», ajoute-t-elle.
Dans tous les cas, l’aidant doit accepter de se faire… aider. Une condition indispensable pour pouvoir assumer de manière sereine et efficace une mission généreuse mais éprouvante.
Jonathan Barbier
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