Publié le 18/03/2014 à 10:38
Il n’est pas nécessaire de traiter tous les cancers de la prostate. Pour certains patients, une surveillance active suffit. Mais pour qui? Et comment?
En Belgique, avec 9.500 nouveaux cas par an, le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent chez les hommes. D’ailleurs, «passé 80 ans, la grande majorité des hommes ont des cellules cancéreuses dans la prostate, mais on ne peut pas vraiment parler de cancer», explique le Pr Bertrand Tombal, chef du service d’urologie des Cliniques universitaires Saint-Luc. «Seuls 20 à 30% des cancers de la prostate sont agressifs et nécessitent de commencer rapidement les traitements. Les autres sont d’évolution lente et ne doivent pas forcément être traités.»
En effet, la majorité des patients atteints d’un cancer de la prostate mourront avec lui, mais pas à cause de lui. Une étude américaine (1) a ainsi montré que, après 15 ans, les hommes ayant un score de Gleason de 6 (c'est-à-dire un cancer de sévérité «intermédiaire») ont un risque de 18 à 30% de décéder des suites de leur cancer de la prostate, alors que leur risque de mourir d’autre chose varie entre 25 et 59%.
De plus, on sait que les traitements du cancer de la prostate provoquent des troubles de l’érection et/ou des problèmes d’incontinence chez près d’un quart des patients. N’y a-t-il donc pas plus de risques et d’inconvénients que de bénéfices à mettre en place ces traitements? «Le jeu en vaut la chandelle s’il s’agit de sauver une vie», estime le Pr Tombal. «Mais si le cancer est indolent, n’évolue pas et ne provoque aucun symptôme, pourquoi prendre le risque d’altérer la qualité de vie du patient? De nombreux hommes peuvent vivre très bien pendant des années avec un cancer de la prostate!»
La surveillance active du cancer de la prostate est proposée à deux types de patients:
Concrètement, la surveillance active du cancer de la prostate a pour objectif de vérifier que la maladie n’évolue pas et ne s’étend pas. Cela passe par des conseils pour améliorer l’hygiène de vie et un suivi médical régulier. Concrètement, le patient sous surveillance active se rend tous les 3-4 mois chez son médecin traitant, notamment pour faire une prise de sang visant à contrôler le taux de PSA. Il voit également son urologue au moins une fois par an et fait des examens d’imagerie médicale (IRM, échographie) afin de contrôler l’évolution du cancer.
Évidemment, au moindre signe d’aggravation, les médecins réévaluent la situation et envisagent de traiter le cancer de la prostate. Mais dans la majorité des cas, ce ne sera pas nécessaire.
Candice Leblanc
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