Publié le 23/02/2011 à 23:06
Traitement contraignant mais indispensable, l'hémodialyse nécessite de se rendre de 3 à 4 fois par semaine à l'hôpital ou dans un centre spécialisé. Gage d'une plus grande liberté, le rein artificiel portable pourrait également allonger les séances de dialyse et améliorer la qualité de vie des patients.
Lorsque les reins ne parviennent plus à éliminer les déchets de l'organisme, le sang doit être purifié au moyen d'un traitement de substitution appelé dialyse. A l'heure actuelle, il existe deux grands types de dialyse: la dialyse péritonéale et l'hémodialyse. La première, qui peut être réalisée à domicile, est le traitement qui se rapproche le plus du fonctionnement normal du rein. Le patient laisse s'écouler une poche de solution de dialyse dans son péritoine (double membrane semi perméable de l'abdomen) au moyen d'un petit tube inséré en dessous de son nombril. Lorsque le sang contenu dans les petits vaisseaux du péritoine est filtré, le dialysat usagé s'écoule dans une poche vide. L'hémodialyse nécessite quant elle que le patient se rende à l'hôpital. Le sang doit en effet être pompé par une aiguille placée dans la fistule du malade et envoyé vers l'appareil de dialyse. Au contact du liquide de dialyse, le sang est filtré et réintroduit dans l'organisme. S'il se révélait à la fois efficace et sûr, le rein artificiel portable pourrait constituer une troisième alternative à ces deux techniques.
Bien que le premier appareil d'hémodialyse portable ait été inventé en 1976 par Wilhem Kolff, la technique n'est réellement devenue fonctionnelle que récemment, grâce aux progrès réalisés en matière de miniaturisation. Développé par une équipe de chercheurs britanniques, américains et italiens, le prototype ne pèse en effet que 5 kilos et peut être transporté en bandoulière, comme un sac. Il est alimenté par des batteries miniatures et muni d'un système de régénération du liquide de dialyse et de systèmes de contrôle. Pour tester sa fiabilité et son efficacité, 8 patients souffrant d'insuffisance rénale terminale depuis près de 18 ans ont été branchés à l'appareil de 4 à 8 heures par jour. Résultat: même si le rein artificiel portable n'atteint pas les performances d'un dispositif classique, sa capacité d'épuration a été jugée satisfaisante et aucune complication grave n'a été relevée. De nouvelles études devront toutefois encore être réalisées une fois réglés les quelques problèmes rencontrés lors de son utilisation (thromboses de l'accès vasculaire et présence de bulles de CO2 dans le compartiment de dialysat).
Si ce nouveau prototype se révèle efficace et sûr à l'issue de ces études, il pourrait améliorer sensiblement la qualité de vie des patients. Il a en effet été démontré que des séances de filtration quotidiennes diminuent les complications cardiovasculaires des hémodialysés de nuit. Mais il ne faut pas crier victoire trop tôt. Ces 5 dernières années, des essais sur l'homme de cinq appareils de ce type ont déjà été réalisés sans que cela n'aboutisse à leur commercialisation. Rappelons également que le traitement idéal de l'insuffisance rénale terminale reste la transplantation rénale, imbattable tant au niveau de son efficacité que de la qualité de vie qu'elle assure au patient.
Aurélie Bastin
Source: Davenport A et coll.: A wearable haemodialysis device for patients with end-sage renal failure: a pilot study. Lancet 2007; 370: 2005-10.
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