Publié le 09/05/2019 à 15:17
Aujourd’hui, les chances de guérison de la maladie de Hodgkin après traitement sont élevées. Comme les patients sont généralement jeunes, il est important d’être attentif aux effets secondaires à long terme de la chimio- et de la radiothérapie. Quels sont-ils et comment se passe le «follow-up»?
«Au stade précoce de la maladie de Hodgkin, 90 à 95% des patients sont encore en vie après cinq ans. Si la maladie est plus étendue, la survie est encore toujours de 85 à 90%. De nombreuses autres formes de cancer ne peuvent pas se targuer de tels chiffres de survie! C’est à imputer, d’une part, à l’âge moyen plus jeune des personnes atteintes par la maladie de Hodgkin et, d’autre part, à l’efficacité élevée de la thérapie», explique le Dr Vanessa Van Hende, hématologue à l’AZ Nikolaas et à l’AZ Lokeren. «Dès lors, les patients peuvent être confrontés à des effets secondaires de leur traitement initial, parfois seulement 10 à 20-30 ans plus tard.» Certains effets secondaires peuvent aussi se manifester assez rapidement après la thérapie.
Anticiper un désir d’enfantUn des effets négatifs potentiels du traitement, dont il faut discuter avec les patients, est le risque d’infertilité. «Quand les personnes sont confrontées au diagnostic de la maladie de Hodgkin, leur désir d’enfant n’est généralement pas une priorité à ce moment, mais après 2 à 3 ans de rémission, ce désir peut refaire surface. C’est la raison pour laquelle la question doit être posée avant le début du traitement. Si elles ont un désir d’enfant, je réfère ces personnes à un centre de la fertilité avant le début de la thérapie.» Le traitement de première ligne de la maladie de Hodgkin ne cause en principe pas une infertilité, mais il est bien évidemment impossible de savoir à l’avance comment le traitement va évoluer.
Arrêter de fumerLa bléomycine fait partie des médicaments chimiothérapeutiques administrés dans le cadre du traitement. Elle augmente à long terme le risque de lésions pulmonaires. Ce risque est encore beaucoup plus élevé chez les fumeurs. Arrêter de fumer – une recommandation valable dans tous les cas – est donc ici un must absolu. Le risque d’infection pendant le traitement est d’ailleurs aussi plus élevé chez les fumeurs.
Contrôler sa thyroïdeUn contrôle semestriel ou annuel de la fonction thyroïdienne, via une analyse de sang, est recommandé, si la thyroïde se situe dans la zone irradiée. Chez 20 à 30% des patients, le fonctionnement de la thyroïde peut en effet être affecté par les rayons.
Préserver son cœurLa maladie de Hodgkin se présente généralement sous la forme de ganglions dans le cou et dans le médiastin. Si la maladie est uniquement localisée d’un seul côté du diaphragme, l’irradiation fait partie du traitement. Elle provoque des calcifications et un rétrécissement plus précoces des vaisseaux sanguins, tant des artères coronaires du cœur que des vaisseaux du cou. Ces conséquences se manifestent généralement 10 à 15 ans après le traitement et s’accompagnent d’un risque plus élevé d’infarctus cardiaque et aussi de thrombose cérébrale. Comme il n’est évidemment pas possible d’annuler les effets de la chimio- et de la radiothérapie, il faut que tous les autres facteurs de risque restent les plus faibles possible: ne pas être en surpoids, ne pas fumer, garder sous contrôle les taux de glycémie et de cholestérol. Une prise de sang annuelle à jeun pour contrôler les taux de glycémie et de cholestérol est indispensable et ceux-ci doivent être strictement régulés par un régime ou, si nécessaire, la prise de médicaments. Cinq ans après l’arrêt du traitement, les patients sont aussi référés à un cardiologue pour une échographie du cœur. La fréquence de répétition de cet examen dépend des observations, mais un check-up de routine est généralement effectué tous les cinq ans.
Dépister un éventuel cancer du seinUne préoccupation majeure est le risque d’un deuxième diagnostic de cancer. Chez les patientes, il s’agit surtout du cancer du sein. Auparavant, celui-ci se développait plus souvent, parce que les zones irradiées étaient plus étendues et que les deux seins étaient fréquemment situés dans la zone d’irradiation. Aujourd’hui, les appareils d’irradiation sont plus précis, les doses plus réduites et on essaie de n’irradier que les ganglions lymphatiques impliqués, et plus une zone très étendue comme dans le temps. Comme il subsiste néanmoins un rayonnement dispersé, le dépistage du cancer du sein est maintenu, compte tenu du risque familial. Généralement, il débute dix ans après l’arrêt du traitement par une mammographie et une échographie. La RMN (Résonance Magnétique Nucléaire) est utilisée en complément chez les patientes ayant des antécédents familiaux ou personnels de cancer du sein. Il est essentiel d’attirer l’attention des patientes sur ce point et il faut les référer à un gynécologue.
Tenir à long termeLe dépistage des effets secondaires est aisé au début. Mais, au fil du temps, les patients veulent tirer un trait sur le fait d’«être malade». «Le risque de rechute de la maladie de Hodgkin est maximal pendant les cinq premières années et, au cours de cette période, je suis toujours personnellement les patients», souligne le Dr Van Hende. «J’essaie de motiver mes patients pour qu’ils continuent à venir en contrôle chez moi par la suite tous les ans ou tous les deux ans, pour le suivi d’éventuels effets secondaires tardifs. Bien entendu, cela peut aussi se faire par ou en collaboration avec le médecin généraliste. La seule chose, c’est qu’il ne faut pas perdre ce suivi de vue!»
C’est le rôle de la Belgian Hematology Society (BHS) de sensibiliser les médecins et les patients à continuer à maintenir le suivi à long terme. «Nous avons décidé avec mes confrères de reprendre de façon très explicite ce suivi à long terme dans les guidelines pour le traitement de la maladie de Hodgkin. Nous espérons ainsi rallier plus de gens et éviter les insuffisances cardiaques diagnostiquées tardivement ou les infarctus cardiaques à un jeune âge, qui auraient peut-être pu être prévenus.
«Bien entendu, tous les patients n’ont pas des effets secondaires à long terme, mais prévenir vaut mieux que guérir!», conclut le Dr Van Hende.
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