Publié le 07/01/2015 à 14:55
Le préservatif, on y pense à 18 ans, beaucoup moins à 35. Et pourtant, les adultes sont aussi confrontés à des situations à risque. La Plate-Forme Prévention Sida a tenté de lever ce tabou.
Pendant trois étés consécutifs, la Plate-Forme Prévention Sida a mené une campagne de prévention des IST (infections sexuellement transmissibles) et du sida à l’attention d’un public d’adultes. Longtemps, la prévention a en effet été orientée vers les jeunes, au risque de faire oublier que leurs grands frères, grandes sœurs et parents étaient eux aussi exposés... Rencontres sur Internet, relations extraconjugales, libertinage ou tout simplement nouvelle relation après une séparation ou un divorce: autant de situations «à risque» qui concernent au premier plan les 25-45 ans.
Avec le slogan «C’est où, avec qui et comme vous voulez mais toujours protégés. SIDA & IST, se protéger et se faire dépister», la campagne d’affichage et les spots télé et radio semblent avoir atteint leur cible. 75% des adultes se sont sentis concernés par la campagne tout en jugeant qu’elle pouvait aussi toucher un public plus jeune. «L’évaluation est positive. La campagne a été très appréciée, notamment parce qu’elle mettait en scène des situations diverses et concrètes dans lesquelles on peut se retrouver», explique Thierry Martin, directeur de la Plate-Forme Prévention Sida.
Autre point fort de cette campagne: la mise en avant du dépistage comme moyen de protection. «On constate aujourd’hui qu’au moment du diagnostic, la plupart des personnes sont déjà porteuses du virus depuis plusieurs années, ce qui signifie qu’elles ont également pu contaminer de nombreux partenaires», explique Thierry Martin. Quand on s’engage dans une nouvelle relation «stable et fidèle», le dépistage permet de laisser de côté le préservatif sans faire courir le risque de son passé à son partenaire.
«Nous n’avons pas d’éléments statistiques suffisants pour dire que cette campagne a poussé les adultes à mieux se protéger ou à se faire dépister. Mais les témoignages que nous recueillons vont dans ce sens», poursuit Thierry Martin. On peut donc espérer que cette campagne ciblée, dont la dernière édition a eu lieu en juin 2014, aura participé à faire évoluer les mentalités. «Trois ans, c’est la durée que les experts de la communication estiment idéale pour que le public intègre un message, sans effet de lassitude», précise le Directeur de la Plate-Forme qui regrette que les spots TV et radio n’aient pas pu être diffusés avant 22 h, par peur de choquer un public non averti. Preuve que le tabou reste grand lorsqu’il s’agit d’évoquer la réalité de la vie sexuelle, dans toutes ses variantes et tous ses revirements.
Julie Luong
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