Pr Roumeguère, spécialiste en onco-urologie à l’Hôpital Erasme
Lorsqu’un cancer de la prostate est diagnostiqué d’emblée au stade métastatique, la combinaison d’une hormonothérapie et d’une chimiothérapie ou celle de deux sortes d’hormonothérapie montre de bons résultats. Explications avec le Pr Roumeguère, spécialiste en onco-urologie à l’Hôpital Erasme.
«Classiquement, le cancer diffuse d’abord par voie lymphatique et métastase en premier lieu au niveau des ganglions lymphatiques. Les premiers ganglions atteints sont généralement situés au niveau pelvien et rétropéritonéal (c’est-à-dire au niveau de l’espace derrière la cavité abdominale). La deuxième localisation fréquente est l’os. Les métastases osseuses sont courantes, que ce soit au niveau du bassin et du sacrum, au niveau vertébral ou des côtes. Les vertèbres touchées peuvent entraîner des tassements osseux, des fractures responsables de douleurs ou des atteintes de la moelle épinière… En 3e position, on trouve les poumons et enfin, les autres organes (foie…).»
«Jusque très récemment, lorsqu’un cancer était diagnostiqué au stade métastatique ou qu’il avait évolué dans un second temps vers ce stade métastasique, on débutait par un traitement hormonal dit de première ligne à base d’agonistes ou d’antagonistes de la LHRH, qui permet d’arrêter la sécrétion de testostérone. Ce traitement pouvant n’être efficace que durant un certain temps (environ 18 mois), il était parfois suivi dans un second temps de chimiothérapie à base de docétaxel. Sont ensuite apparus des traitements hormonaux de 2e génération comme l’acétate d’abiratérone ou l’enzalutamide. Se pose aujourd’hui la question de savoir quand commencer ces nouveaux traitements et dans quel ordre afin d’optimiser les résultats en termes de ralentissement de la progression de la maladie et d’amélioration de la survie.»
«Deux études (STAMPEDE et CHARTEED) ont démontré l’intérêt chez les patients d’emblée métastatiques de coupler cette hormonothérapie de première ligne avec une chimiothérapie à base de docétaxel. Cette combinaison de traitements administrés simultanément montre une amélioration d’environ 18 mois au niveau de la survie globale, essentiellement pour les patients à haut volume métastatique (c’est-à-dire avec plusieurs localisations osseuses et/ou des métastases viscérales). Pour les patients ayant un cancer à bas volume métastasique, le recours à cette combinaison de traitements reste encore discutée.»
«Non. Il est également possible d’associer l’hormonothérapie de première ligne avec une hormonothérapie de 2e ligne à base d’acétate d’abiratérone. Deux autres études (LATITUDE et STAMPEDE également), dont les résultats ont été présentés en juin de cette année, ont étudié cette association d’hormonothérapies: les résultats démontrent un bénéfice de plus de 30% en termes de survie et de plus de 50% de réduction de la progression de la maladie chez les patients d’emblée métastatiques. Cette amélioration bénéficie tant aux patients à haut volume métastatique qu’à ceux à faible volume métastatique. Se posera donc prochainement la question du choix entre ces différents traitements et associations pour chaque patient en tenant compte des caractéristiques de la maladie. Il est important de noter que ces indications ne sont pas encore officiellement admises en Belgique.»
«Certains patients âgés, affaiblis ou avec des comorbidités diverses (cardiaques, rénales, diabète…) pourraient ne pas supporter l’un ou l’autre traitement. Il est important de tenir compte de l’état général et des comorbidités des patients ainsi que de leurs attentes afin d’optimiser au mieux le traitement. C’est pourquoi on parle de médecine personnalisée. Ainsi, dans le cas de patients diabétiques par exemple, on veillera au maintien de l’équilibre glycémique avec l’acétate d’abiratérone, car cette hormone de nouvelle génération doit être prise en combinaison avec des corticoïdes susceptibles de déséquilibrer le diabète.»
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