Publié le 18/03/2021 à 10:46
Démangeaisons intenses, douleurs, troubles du sommeil: certaines formes d’eczéma atopique sévère induisent des symptômes particulièrement invalidants chez les personnes qui en sont atteintes. Bonne nouvelle pour ces patients, il existe aujourd’hui de nouveaux traitements efficaces et bien tolérés: les biothérapies.
1. Biothérapie: de quoi s’agit-il?
Les biothérapies sont des traitements dits «ciblés», qui visent spécifiquement des mécanismes d’action propres à la pathologie. Dans le cas de la dermatite atopique, le premier produit remboursé – depuis juin 2020 – est le dupilumab. Il s’agit d’un «anticorps monoclonal» qui va cibler et neutraliser deux messagers de l’inflammation particulièrement actifs dans la dermatite atopique: l’interleukine 4 (IL-4) et l’interleukine 13 (IL-13). Ce faisant, le dupilumab permet de bloquer la cascade inflammatoire qui mène à la formation de plaques d’eczéma. «Nous ne disposions pas encore de traitement de ce type pour la dermatite atopique en Belgique», commente le Dr Pierre-Dominique Ghislain, dermatologue aux Cliniques Universitaires Saint-Luc. «C’est une grande avancée pour les patients.»
2. Biothérapie et dermatite atopique: pour qui? Comment?Ce médicament est remboursé chez les adultes de plus de 18 ans atteints d’une forme de dermatite atopique sévère (très étendue et très intense) ayant résisté aux autres traitements disponibles et/ou lorsque ces traitements ont été mal tolérés par le patient. Le dupilumab est administré toutes les deux semaines par auto-injections sous-cutanées au niveau de la cuisse, du bras ou du ventre. «Ces auto-injections ne sont pas très douloureuses et faciles à réaliser», rassure le Dr Ghislain.
3. Biothérapie et dermatite atopique: quels résultats?Le dupilumab permet de soulager les symptômes de la dermatite atopique, mais pas de guérir la maladie. «L’efficacité de ce produit sur les symptômes de la dermatite atopique est rapide et durable: qualité de vie retrouvée, peau plus confortable… Les retours de mes patients sont unanimes», signale le Dr Ghislain. Et ce, avec une excellente tolérance par rapport à d’autres traitements tout aussi efficaces mais qui s’accompagnent d’une multitude d’effets secondaires à plus ou moins long terme (comme les corticoïdes ou les immunosuppresseurs). «Le dupilumab n’a pas d’impact négatif sur l’immunité du patient. Il ne nécessite pas de bilan préalable ni de suivi régulier et peut être pris sur le long cours», précise le Dr Ghislain. «Seul bémol: environ un patient sur cinq va développer ou révéler une conjonctivite (inflammation de l’œil) liée au traitement. Bien qu’inconfortable, cet effet secondaire peut habituellement être traité sans trop de peine.»
4. Quels effets secondaires sur le long terme?«Nous disposons de données rassurantes, reposant à la fois sur nos connaissances théoriques et sur notre expérience d’une dizaine d’années dans le domaine des essais cliniques», indique le Dr Ghislain. «Il faut savoir aussi que ce traitement est déjà remboursé depuis deux-trois ans dans d’autres pays. À l’heure actuelle, rien ne laisse penser que cette biothérapie pourrait induire des effets indésirables sur le long terme. Toutefois, la prudence reste de mise, comme avec n’importe quel médicament. Ainsi, en vertu du principe de précaution, le dupilumab est actuellement contre-indiqué en cas de grossesse.»
5. Biothérapie et dermatite atopique: une petite «révolution»?«Certainement!», d’après le Dr Ghislain. «Les dernières innovations thérapeutiques pour la dermatite atopique remontent au début des années 2000, avec les immunomodulateurs topiques (tacrolimus et pimécrolimus), qui ont aidé les patients mais n’ont pas entièrement répondu aux attentes que l’on avait à leur égard. Quant aux traitements par immunosuppresseurs et immunomodulateurs oraux, ils ont démontré une réelle efficacité mais s’accompagnent malheureusement souvent de multiples effets secondaires qui en limitent l’usage sur de longues périodes.»
6. Dermatite atopique: d’autres traitements en ligne de mire ?«D’autres biothérapies sont à l’étude, et vont sortir dans les prochaines années», indique le Dr Ghislain. «Nous pouvons aussi tabler sur d’autres types de traitements tout aussi innovants. Je pense notamment aux «anti-JAK» (inhibiteurs des Janus kinases), qui bloquent l’action d’enzymes impliquées dans certains processus d’inflammation chronique. On peut s’attendre à avoir ce type de médicaments en Belgique d’ici la fin 2021.»
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