Publié le 14/07/2014 à 11:34
Les apnées du sommeil pourraient contribuer à la fatigue des personnes atteintes de sclérose en plaques. La bonne nouvelle c'est qu'il existe des traitements efficaces contre ces troubles du sommeil.
La fatigue est un symptôme fréquent et très invalidant de la sclérose en plaques (SEP). 75% des patients s’en plaignent (1)! Malheureusement, il existe peu de traitements efficaces pour s’en débarrasser. Il faut apprendre à la gérer.
On fait souvent l’hypothèse que cette fatigue est due à la maladie. Mais des troubles du sommeil pourraient aussi y contribuer… Une étude récente (2) révèle une prévalence importante, parmi les patients SEP, d’un problème d’apnées du sommeil. Pendant la nuit, leur respiration s’arrête pendant quelques secondes, ce qui provoque un micro-éveil (dont ils n’ont pas conscience), afin de reprendre leur respiration. Un phénomène qui peut se produire plusieurs dizaines de fois par heure! La personne n’a donc jamais le temps de plonger dans un sommeil profond, réparateur. À la clé, fatigue le lendemain.
Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont soumis 195 patients SEP à un questionnaire de dépistage du syndrome d’apnées du sommeil (1) (STOP-Bang). Résultat: 56% étaient considérés comme «à risque». Mais seuls 21% avaient reçu un diagnostic. Et parmi eux, moins de la moitié étaient traités.
En 2012, la même équipe avait déjà réalisé une étude sur le sujet (3). Les chercheurs avaient alors pris un groupe de patients SEP et un groupe contrôle dont ils avaient analysé le sommeil pendant une nuit (polysomnographie). Résultat: la prévalence d’apnées du sommeil (2) était plus importante parmi les patients SEP. Et ces troubles du sommeil étaient encore plus fréquents chez les patients SEP présentant une atteinte du tronc cérébral, une partie du système nerveux qui sert de relais entre le cerveau et la moelle épinière. «Ce n’est pas étonnant car dans le tronc cérébral se trouvent des zones importantes pour le contrôle de la respiration», a commenté le Dr D’hooghe, neurologue au MS Centrum.
L’analyse des résultats a montré que les patients prenant un traitement immunomodulateur obtenaient des scores plus bas d’apnées. Mais aussi que les patients souffrant d’une SEP progressive développaient généralement une forme plus sévère d’apnées. Le type de sclérose en plaques et la prise d’un traitement pourrait donc influencer la sévérité des apnées. Toutefois, plus d’études sont nécessaires pour vérifier ces associations.
«Ce domaine de recherche est assez nouveau», souligne le Dr D’hooghe. «Et je pense qu’il est sous-investigué par rapport aux bénéfices qu’il pourrait apporter. Il est très difficile de déterminer les causes de la fatigue des patients SEP. Elle est certainement multifactorielle… mais les apnées pourraient jouer un rôle important. Or, on peut les traiter efficacement! Encore faut-il que les patients acceptent de se faire traiter. Le traitement de référence, le port d’un masque qui insuffle de l’air sous pression (CPAP) pendant la nuit, n’est pas toujours bien accueilli... Il serait aussi intéressant de poursuivre les études pour voir chez quel type de patients SEP ces problèmes arrivent le plus, afin de mieux les diagnostiquer.»
(1) Ce questionnaire concernait les apnées dites "obstructives", la forme la plus fréquente d’apnée du sommeil. L’apnée se produit parce que les parois du pharynx se relâchent au point de se toucher.
(2) L’étude suggère une prédisposition des patients SEP à une apnée obstructive, accompagnée d’apnée centrale. Celle-ci se produit quand le cerveau omet d'envoyer les signaux qui assurent une prise régulière d'oxygène pendant le sommeil.
Barbara Delbrouck
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