Publié le 19/06/2013 à 15:36
Manger des tomates pour prévenir le cancer de la prostate? Éviter la viande rouge, qui favoriserait son développement? Le contenu de votre assiette peut-il réellement avoir une incidence sur la survenue du cancer de la prostate?
Les études sur les liens entre alimentation et cancer de la prostate sont légion. Parmi les dernières en date: celles qui incriminent tantôt la viande rouge, tantôt les aliments frits, dans le développement de ce cancer. En cause: les agents potentiellement cancérigènes libérés lors d’une cuisson à très haute température.
Que penser de ces articles? Ils sont en fait la version la plus récente de la longue cohorte d’études sur les liens entre alimentation et cancer de la prostate. Le débat est ancien et la question est complexe. À tel point que les scientifiques n’ont pas encore été en mesure de se mettre vraiment d’accord sur le sujet.
À l’origine de l’intérêt pour la relation alimentation et cancer de la prostate, il y a cette différence de fréquence de la maladie d’une région du monde à l’autre. On dénombre par exemple beaucoup moins de cancers de la prostate en Asie qu’en Europe ou aux États-Unis.
Mais il a aussi été démontré que lorsque les Asiatiques émigraient aux États-Unis, leur descendants de troisième génération souffraient tout autant de cancer de la prostate.
Le mode de vie – et plus particulièrement l’alimentation – ont donc très vite été pointés du doigt.
Cette hypothèse allait connaître de nombreuses déclinaisons: de l’effet prétendument protecteur du soja à celui des tomates en passant par les dangers du whiskey, boisson soumise à des températures très élevées lors de sa distillation.
«Il faut être prudent avec ce type d’études», met en garde le Pr Jean-Marie de Meyer, Chef de service d’Urologie au CHU Brugmann. «Beaucoup d’hypothèses ont été émises mais nous ne savons rien avec certitude. Ces conclusions sont davantage basées sur la logique que sur des évidences scientifiques.»
La relation entre obésité et cancer de la prostate semble en revanche beaucoup plus étayée. Les altérations hormonales induites par une surcharge pondérale trop importante pourraient avoir des effets cancérigènes. En outre, le risque de métastases et de mort serait plus élevé chez les patients obèses.
Autre hypothèse avérée: le lien entre le manque de vitamine D et le développement du cancer de la prostate. Or la carence en vitamine D est fréquente en Belgique.
Pas question, dès lors, de négliger le contenu de son assiette. Les recommandations? Une alimentation variée, qui fait la part belle aux fruits et légumes et dans laquelle la viande rouge, les graisses (surtout d’origine animale) et autres aliments frits ne sont pas consommés trop fréquemment.
Sources:
- «Consumption of deep-fried foods and risk of prostate cancer», Marni Stott-Miller, Marian L. Neuhouser, Janet L. Stanford; The Prostate, Janvier 2013.
- «Red meat and poultry, cooking practices, genetic suceptibility and risk of prostate cancer: results from a multiethnic case-contro study», Joshi AD, Corral R, Catsburg C, Lewinger JP, Koo J, John EM, Ingles SA, Stern MC, Carcinogenesis, Novembre 2012.
- «Obesity is Associated With Increased Risks of Prostate Cancer Metastasis And Death After Initial Cancer Diagnosis in Middle-Aged Men», Brown M, Medical News Today, Mai 2007.
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