Publié le 08/03/2013 à 14:16
Les résultats de récentes recherches sont encourageants: l’aspirine pourrait prévenir et ralentir le développement du cancer de la prostate.
Le cancer de la prostate est un cancer qui évolue lentement. Seules les tumeurs agressives doivent donc être traitées. Les interventions chirurgicales (prostatectomie) et la radiothérapie sont des traitements lourds, qui peuvent provoquer des effets secondaires importants, comme l’incontinence ou l’impuissance. Dans la mesure du possible, il vaut donc mieux prévenir que traiter.
Les chercheurs se sont dès lors penchés sur les effets préventifs de l’aspirine.
Une équipe de scientifiques italiens (1) a analysé 139 études. La majorité d’entre elles concluent que l’aspirine joue un rôle primordial dans la prévention des cancers du côlon, de l’œsophage et de l’estomac. Quid du cancer de la prostate ? Ici aussi, les conclusions sont encourageantes ! La prise hebdomadaire d’aspirine diminuerait de 10% en moyenne le risque de cancer de la prostate.
Ces résultats prometteurs ont ouvert la voie à une nouvelle piste de recherche. L’hypothèse: l’aspirine aurait aussi un effet chez les personnnes dont le cancer de la prostate a déjà été diagnostiqué. Une autre étude récente (2) a suivi 5.955 hommes traités pour ce type de de cancer. Avec des résultats encourageants ! Chez ceux qui avaient subi une prostatectomie ou une radiothérapie et qui avaient reçu un anticoagulant, le risque de décéder de la maladie était de 3% . Dans l’autre groupe, ce risque s’élevait à 8%. Autre constat: le risque de métastases avait, lui aussi, baissé de façon significative.
Le mécanisme sous-jacent à l’effet préventif et inhibiteur de l’aspirine n’a pas encore été totalement élucidé Mais ces dernières années, le monde médical a attribué aux inflammations un rôle de premier plan dans le développement du cancer. Or l’aspirine freinerait l’action des prostaglandines, des enzymes à l’origine de ces inflammations.
De l’aspirine pour tous alors? «Surtout pas!», s’empresse de répondre le Dr Lumen, urologue à l’UZ Gent. «Malgré ces résultats positifs, il est encore bien trop tôt pour se prononcer sur la fréquence à laquelle l’aspirine devrait être prise pour prévenir le cancer. Idem pour la dose et la durée. »
Malgré ses propriétés intéressantes, l’aspirine n’est en effet pas sans danger. Elle peut notamment provoquer des hémorragies du tube digestif, même à faible dose. Une prise quotidienne à hebdomadaire d’aspirine doit dès lors toujours se faire en concertation avec un médecin, qui pèsera le pour et le contre de la prise d’aspirine en fonction des antécédents médicaux du patient.
Sources:
1) Bosetti, C. et al. Aspirin and cancer risk: a quantitative review to 2011. In: Annals of Oncology, 2012, Vol. 23 (6): 1403-1415.
(2) Choe, K.S. et al. Aspirin use and the risk of prostate cancer mortality in men treated with prostatectomy or radiotherapy. In: American Society of Clinical Oncology, 2012, Vol. 30 (28): 3540-4.
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