Publié le 10/11/2011 à 11:35
Certaines personnes ont, du point de vue génétique, un risque plus élevé de décéder de leur cancer de la prostate. Parvenir à identifier ces patients permettrait d'améliorer le traitement du cancer de la prostate.
C’est avéré, les personnes qui souffrent d’un cancer de la prostate risquent davantage de mourir avec leur maladie qu’à cause de leur maladie. Le cancer de la prostate reste toutefois la troisième cause de mortalité des suites d’un cancer dans notre pays. Chaque jour, en Belgique, quatre hommes en moyenne meurent du cancer de la prostate, malgré les nombreuses possibilités de diagnostic et de traitement.
Les médecins recherchent dès lors des indicateurs permettant de déterminer quels patients courent un risque plus grand de décéder du cancer de la prostate. Une récente et prometteuse étude américaine s'est penchée sur cette question. Les chercheurs ont découvert que les patients atteints d’un cancer de la prostate qui portent certaines mutations génétiques ont jusqu’à 50% de risques en plus de mourir de leur maladie. Ce qui signifie dans la pratique un risque de 5% au lieu de 3,5%.
Les chercheurs ont analysé le sang de 1.309 patients atteints du cancer de la prostate. Ils ont identifié cinq variantes sur cinq gènes: LEPR, RNASEL, IL4, CRY1 et ARVCF. 10% des patients étaient porteurs de quatre ou cinq de ces mutations génétiques. Leur risque de mourir du cancer de la prostate était majoré de 50% par rapport aux hommes porteurs de deux de ces mutations génétiques ou moins. Une seconde étude portant sur l’analyse sanguine de 2.875 Suédois a confirmé ces résultats.
Autre découverte importante: l’université de Würzburg en Allemagne, en collaboration avec l’UZ Leuven, a identifié un autre indicateur de la sévérité du cancer de la prostate: le microARN 221. Le microARN est une molécule impliquée dans l’expression des gènes. Ce qui signifie que le fait que l’ADN d’un gène soit beaucoup copié ou non est déterminant pour la fonction de la cellule.
Ces récentes découvertes devraient à terme permettre de déterminer chez quels hommes il est préférable de démarrer immédiatement un traitement agressif et chez quels autres hommes il convient de surveiller activement le cancer.
Les auteurs de l’étude américaine insistent toutefois sur la nécessité de valider ces résultats par d'autres études. De plus, la présence des mutations génétiques ne suffit pas en elle-même à estimer le risque de cancer agressif de la prostate. Une analyse de l’évolution des taux de PSA est, entre autres, aussi nécessaire.
- Daniel W. Lin, Liesel M. FitzGerald, Rong Fu, Erika M. Kwon, Siqun Lilly Zheng, Suzanne Kolb, Fredrik Wiklund, Pär Stattin, William B. Isaacs, Jianfeng Xu, Elaine A. Ostrander, Ziding Feng, Henrik Grönberg, and Janet L. Stanford. Genetic Variants in the LEPR, CRY1, RNASEL, IL4, and ARVCF Genes Are Prognostic of Prostate Cancer-Specific Mortality. Cancer Epidemiology Biomarkers & Prevention. Published Online First August 16, 2011; doi: 10.1158/1055-9965.EPI-11-0236.
- Spahn M, Kneitz S, Scholz CJ, Stenger N, Rüdiger T, Ströbel P, Riedmiller H, Kneitz B. Expression of microRNA-221 is progressively reduced in aggressive prostate cancer and metastasis and predicts clinical recurrence. Int J Cancer. 2010 Jul 15;127(2):394-403.
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