Publié le 31/01/2022 à 17:40
Des chercheurs américains viennent-ils de trouver la cause de la sclérose en plaques? Une nouvelle étude prouve le lien entre l’infection par le virus d'Epstein-Barr (EBV), également à l’origine de la mononucléose, et le développement de la sclérose en plaques.
La sclérose en plaques (SEP) touche 2,8 millions de personnes dans le monde. Sa cause n'est pas connue, mais l'un des principaux suspects est le virus d'Epstein-Barr (EBV), un virus de l'herpès qui peut causer la mononucléose infectieuse et qui établit une infection latente à vie de l'hôte. Une nouvelle étude(1) vient confirmer ces soupçons. "L'hypothèse selon laquelle le virus d'Epstein-Barr (EBV) cause la SEP a été étudiée par notre groupe et d'autres depuis plusieurs années, mais il s'agit de la première étude fournissant des preuves convaincantes de causalité", a déclaré Alberto Ascherio, professeur d'épidémiologie et de nutrition à la Harvard Chan School et auteur principal de l'étude. "C'est un grand pas en avant car cela suggère que la plupart des cas de SEP pourraient être évités en stoppant l'infection par l'EBV, et que le fait de cibler l'EBV pourrait conduire à la découverte d'un remède pour la SEP."
SEP et Epstein-Barr (EBV): un lien difficile à prouverIl a été difficile d'établir une relation de cause à effet entre le virus et la maladie, car l'EBV infecte environ 95% des adultes, la SEP est une maladie relativement rare et l'apparition des symptômes de la SEP commence environ 10 ans après l'infection par l'EBV. Pour déterminer le lien entre l'EBV et la SEP, les chercheurs ont mené une étude auprès de plus de 10 millions de jeunes adultes en service actif dans l'armée américaine et ont identifié 955 personnes chez qui une SEP avait été diagnostiquée pendant leur période de service.
L'équipe a analysé des échantillons de sérum prélevés tous les deux ans par l'armée et a déterminé le statut EBV des soldats au moment du premier échantillon et la relation entre l'infection EBV et l'apparition de la SEP pendant la période de service actif. Dans cette cohorte, le risque de SEP a été multiplié par 32 après une infection par l'EBV, mais est resté inchangé après une infection par d'autres virus. Les taux sanguins de neurofilaments, un biomarqueur de la neurodégénérescence typique de la SEP, n'ont augmenté qu'après une infection par le EBV. Ces résultats ne peuvent être expliqués par aucun facteur de risque connu de la SEP et suggèrent que l'EBV est la principale cause de la SEP.
Selon le Pr Ascherio, le délai entre l'infection par l'EBV et l'apparition de la SEP peut être dû en partie au fait que les symptômes de la maladie ne sont pas détectés pendant les premiers stades et en partie à la relation évolutive entre l'EBV et le système immunitaire de l'hôte, qui est stimulé de manière répétée chaque fois que le virus latent se réactive.
SEP: vers un vaccin ou de nouveaux traitements?Quel impact cette découverte aura-t-elle? "Il n'existe actuellement aucun moyen de prévenir ou de traiter efficacement l'infection par l'EBV, mais un vaccin contre l'EBV ou le ciblage du virus par des médicaments antiviraux spécifiques de l'EBV pourrait, à terme, prévenir ou guérir la SEP", conclut le Pr Ascherio.
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