"C’est vrai, quand on me voit, on ne peut pas deviner que je n’ai plus d’ovaires. Ce n’est pas la même chose que si on m’avait enlevé un sein. Pourtant, je ne me sens plus une femme à part entière. Je me suis retrouvée ménopausée du jour au lendemain. On appelle ça la ménopause précoce. Mais, pas comme ma mère, chez qui les signes ont commencé progressivement, avec des hauts et des bas. Moi, j’ai eu droit à tout ça, mais en bien pire qu’elle! J’avais des bouffées de chaleur jour et nuit, je me réveillais dans un bain de sueur et je n’arrivais plus à dormir. François, mon compagnon, était adorable, mais je n’avais pas du tout envie de faire l’amour."
" Je veux voir grandir mes petits-enfants (si j’en ai un jour) et aussi continuer à profiter de la vie… J’ai deux filles magnifiques, qui sont en kot la semaine et ont dès lors peu remarqué mes sautes d’humeur. Heureusement, après un mois, mon gynécologue m’a prescrit un traitement hormonal aux œstrogènes. Aujourd’hui, les symptômes du retour d’âge se sont nettement atténués, même s’ils n’ont pas entièrement disparu. Je suis encore convalescente, mais – c’est sûr - je regarde désormais la vie d’un autre œil."
Une tumeur a besoin d’oxygène et de nutriments pour se développer. Ceux-ci sont apportés par les vaisseaux sanguins, et plus précisément les artères. Mais, comme les tumeurs ont tendance à croître rapidement et qu’elles ont dès lors besoin de beaucoup de nutriments, elles fabriquent elles-mêmes des vaisseaux sanguins. Pour ce faire, elles produisent des facteurs de croissance. Le bevacizumab est une protéine très spécifique qui se lie de façon ciblée à un de ces facteurs de croissance et l’inactive. Ce qui permet de freiner la fabrication de nouveaux vaisseaux sanguins par la tumeur et donc aussi sa croissance.
Dans le cas du cancer ovarien, le bevacizumab est associé à la chimiothérapie classique (carboplatine + paclitaxel). Cette association est possible parce que le bevacizumab et la chimiothérapie combattent la tumeur différemment.
Ce nouveau traitement offre une nette plus-value mais uniquement chez les patientes ayant un cancer ovarien avancé, c’est-à-dire répandu dans toute la cavité abdominale ou présentant déjà des métastases. Après ablation chirurgicale de leur cancer de l'ovaire, les femmes de ce groupe rechutent fréquemment. Dans le nouveau schéma de traitement, le bevacizumab et la chimiothérapie sont administrés conjointement pendant 6 mois. Au cours des 9 mois suivants, seul le bevacizumab est administré (ce qui fait un total de 15 mois). Avec cette approche, la rechute du cancer de l'ovaire est retardée jusqu’à 18 mois en moyenne, soit 6 mois de plus qu'avec la chimiothérapie seule.
Beaucoup d’autres médicaments font l’objet de recherches, mais ne sont pas encore au stade des essais cliniques. L’inhibiteur de la PARP, l’olaparib, est une nouvelle molécule qui freine la multiplication des cellules cancéreuses. Celles-ci prolifèrent en se divisant beaucoup et vite. Ce qui provoque l’apparition d’erreurs dans leur matériel génétique (ADN). La PARP est une protéine qui répare ces erreurs. Cet inhibiteur semble très prometteur dans le cas des cancers du sein et de l'ovaire héréditaires.
D’ici 10 à 20 ans, nous prévoyons aussi une nette avancée dans les vaccins thérapeutiques, ce que l’on appelle l’immunothérapie. Dans le cas du cancer, l’objectif est la stimulation du système immunitaire du patient de façon à ce qu’il ne reconnaisse et ne détruise que les cellules cancéreuses déjà présentes. Cette thérapie a déjà montré des résultats prometteurs, mais doit encore être développée.
Article publié le 20 août 2012.
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Dr Stef Cosyns (gynécologue, UZ Brussel)
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