Publié le 13/10/2014 à 11:05
Et si le «meilleur ami de l'homme» pouvait aider à lui sauver la vie? Grâce à leur odorat exceptionnel, les chiens seront peut-être un jour amenés à jouer un rôle majeur dans le dépistage du cancer de la prostate.
Une équipe de chercheurs italiens s'est intéressée au potentiel du légendaire flair des chiens(1). Leur hypothèse: moyennant un dressage spécifique, ces animaux seraient capables de détecter dans les urines des composés volatils spécifiques au cancer de la prostate.
Deux chiens spécialement dressés ont reniflé les urines de 677 hommes. Parmi eux, 320 étaient atteints d'un cancer de la prostate. Les chiens sont parvenus à distinguer les sujets sains des malades avec une précision de 98%. Mais pourquoi vouloir intégrer des chiens à l'arsenal des techniques de dépistage du cancer de la prostate?
«À l'heure actuelle, la base du dépistage du cancer de la prostate réside dans une prise de sang visant à évaluer le taux d'une protéine appelée PSA (prostate-specific antigen)», rappelle le Pr Bertrand Tombal, chef du service d'urologie des Cliniques universitaires Saint-Luc. Un taux de PSA élevé indique une anomalie de la prostate, qui peut être due à un cancer mais aussi à une infection ou à une tumeur bénigne. «En fait, seule une minorité d'hommes avec un taux de PSA élevé sont atteints d'un cancer», observe le Pr Tombal.
Depuis une dizaine d'années, des marqueurs plus spécifiques au cancer de la prostate sont donc investigués afin d'affiner le dépistage et d'éviter les biopsies inutiles.
Parmi ces stratégies alternatives, les techniques d'imagerie comme l'IRM (imagerie par résonance magnétique) permettent de détecter des lésions suspectes dans la prostate, aident à déterminer si une biopsie est indiquée et, le cas échéant, où elle doit être réalisée. «C'est l'approche la plus moderne et la plus efficace à l'heure actuelle», commente le Pr Tombal.
Des tests sanguins et urinaires plus spécifiques ont aussi été développés. Ils sont basés sur l'hypothèse que les hommes atteints d'un cancer de la prostate produisent des protéines caractéristiques dans leur sang ou leurs urines.
«L'étude réalisée par l'équipe de chercheurs italiens se base sur un postulat de ce type», explique le Pr Tombal. «Les protéines retrouvées dans les urines des sujets malades possèderaient une signature odorante spécifique, détectable par des capteurs très sensibles... ou par des chiens!»
Mais de la théorie à une application dans la pratique quotidienne, il reste une série d'étapes à franchir. «Des études à plus grande échelle, sur un très grand nombre de patients, sont nécessaires. Ces tests doivent aussi être comparés aux techniques de dépistage actuelles. Pour l'instant, les chercheurs en sont encore à un stade très préliminaire. Néanmoins cette étude tient la route et ses résultats ne sont pas dénués d'intérêt. Il s'agit d'une approche potentiellement prometteuse pour le dépistage précoce du cancer de la prostate. Et pouvoir recourir à une technique de ce type, peu onéreuse, pourrait présenter un avantage sur le plan financier», estime le Pr Tombal.
Aude Dion
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