Publié le 20/08/2012 à 15:48
Est-il possible de prévenir le cancer de la prostate grâce à des compléments alimentaires? Selon une récente étude, le sélénium ne serait pas efficace et la vitamine E augmenterait au contraire les risques.
Qui n’a jamais entendu vanter les éventuelles vertus de tel ou tel aliment «anticancer»? Ces dernières années, les conseils de prévention – justifiés ou pas – se sont multipliés. Le cancer de la prostate n’échappe pas à la règle! Bien sûr, il s’agit d’une maladie qui peut être d’évolution lente –lorsqu’il s’agit du moins d’une forme peu agressive – et de plutôt «bon pronostic», lorsqu’elle est dépistée à temps. Mais le traitement chirurgical (prostatectomie) peut parfois être grevé d’effets secondaires importants: incontinence, troubles de l’érection... Pour éviter ces différents désagréments, la prévention s’avère donc être une piste plus que séduisante!
Parmi les voies explorées en matière de prévention: l’alimentation. L’influence de ce que nous mangeons sur la survenue du cancer de la prostate est en effet connue de longue date. «La prévalence de ce type de cancer est jusqu’à 8 fois plus importante en Europe occidentale et aux Etats-Unis par rapport à l’Asie», explique le Pr Francis Lorge, urologue au CHU Mont-Godinne. «Et nous savons que cela est notamment due à des différences dans nos assiettes. Notre régime alimentaire occidentale est par exemple plus riche en graisses et en protéines animales.» Différentes études ont donc tenté de déterminer l’influence de certains compléments alimentaires ou de certains aliments plus précisément. Parmi elles, certaines laissaient présager un effet potentiellement protecteur du sélénium et de la vitamine E.
Une récente étude (1) vient toutefois contredire ces premières impressions. La prise quotidienne, en complément à un régime alimentaire normale, de sélénium et de vitamine E ou de sélénium seulement ne semble en effet pas modifier significativement la probabilité de développer un cancer de la prostate. Par contre, la prise quotidienne de vitamine E – à raison de 400 UI (environ 270 mg) par jour – n’offrirait aucune protection. Au contraire, elle augmenterait même de 17% les risques de développer un cancer de la prostate! La prudence est donc de mise.
«Il reste toutefois possible d’adapter ses habitudes alimentaires afin de limiter le risque de cancer de la prostate», note le Pr Lorge. «Il peut par exemple être utile d’augmenter les apports en protéines du soja, l’isoflavone, ou d’éviter les graisses animales ou encore la viande rouge.» Certains aliments sont également recommandés: les choux en tous genres (brocoli, chou vert, de Bruxelles, etc.), la tomate – en particulier cuite –, les épinards, certains poissons gras (saumons, harengs, macros, etc.), le thé vert ou encore le vin rouge en quantité modéré. «Adopter un tel régime n’empêchera pas à coup sûr la survenue d’un cancer de la prostate mais peut diminuer les risques», conclut le Pr Lorge. Vos papilles n’ont plus qu’à bien se tenir!
(1) Eric A. Klein et al. Vitamin E and the Risk of Prostate Cancer. The Selenium and Vitamin E Cancer Prevention Trial (SELECT). The Journal of the American Medical Association (JAMA). Oct. 2011, vol. 306, n°14, pp. 1549-1556.
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