«Dès la ménopause, la carence en œstrogènes se creuse et les rapports sexuels peuvent devenir douloureux. Au début, la femme va ressentir un inconfort, de petites douleurs, sans penser à une sécheresse vaginale. Au moment de l’examen gynécologique, lorsque je constate que les muqueuses de ma patiente sont blanchies, plus fragiles, moins trophiques, je lui explique qu’elle n’a pas à culpabiliser si elle ressent un manque de libido ou souffre d’inconforts lors des rapports sexuels.»
«Les femmes qui suivent un THS par voie orale n’ont généralement pas besoin d’un complément local sous forme de crème ou d’ovules à base d’œstrogènes. En cas de traitement local à base d’œstrogènes, il convient de bien expliquer la période curative: plusieurs semaines, suivies de l’application de crème ou d’ovules à base d’œstrogènes en cure d’entretien, à raison d’une à deux fois par semaine. C’est capital pour la compliance au traitement et éviter qu’en cas d’amélioration, la femme n’abandonne ce petit rituel vaginal comme je le qualifie souvent.»
«Si la femme ménopausée est hermétique à tout traitement hormonal oral ou local, notez que des lubrifiants spécifiques peuvent aider, mais leur efficacité sera moindre. Il faut également insister sur le fait que les femmes qui ont des antécédents familiaux de cancer du sein peuvent prendre un THS oral ou local. Leur peur est légitime mais injustifiée. Depuis quelques années, le laser CO2 ou Yag a fait son apparition dans le traitement de l’atrophie vaginale. Il est assez onéreux mais donne de bons résultats en deux ou trois séances. Après un an, une séance d’entretien est recommandée.»
«En consultation, j’aborde le sujet dès le début si la femme ménopausée évoque d’elle-même ce genre d’inconfort avant l’examen. Sinon, si je constate des signes d’atrophie vulvo-vaginale à l’examen, j’en profite pour demander si elle souffre de rapports douloureux, etc. Soit elle embraye, soit elle est trop gênée pour en parler, ou bien elle n’a pas ce genre de problèmes, mais au moins le sujet aura été abordé quand la femme est le plus en confiance. Une psycho-sexologue comme nous en avons une au centre où je travaille peut également aider dans ce contexte.»
Propos recueillis par Barbara Simon, journaliste santé.
«J’ai été en préménopause dès 50 ans. Avec des symptômes classiques qui se sont petit à petit manifestés mais qui ne m’empêchaient pas de vivre normalement. Ma maman ayant eu un cancer du sein, je ne souhaitais pas recevoir de THS. Le problème est que je souffrais, au fil du temps, de rapports sexuels douloureux et d’infections urinaires à répétition. Je pensais que c’était inévitable vu la ménopause et que je devais en prendre mon parti. J’ai eu, il y a cinq ans, la chance de suivre une formation sur la ménopause. J’ai découvert que je souffrais d’atrophie vulvo-vaginale, comme beaucoup de femmes de mon âge. J’ai appris qu’il existait des solutions de traitement local, sans devoir prendre un THS oral, pour venir à bout de mon inconfort vaginal, de mes infections urinaires.»
«J’ai, dans la foulée, été consulter mon gynécologue. Je lui ai dit: "Ne pensez-vous pas que je souffre d’atrophie vulvo-vaginale?". Ce dernier a confirmé mes doutes. Il le savait, mais ne m’avait jamais demandé si je souffrais d’inconforts liés à cette atrophie, ni proposé un traitement local à base d’œstrogènes. Je lui ai demandé s’il y avait un lien entre l’atrophie vulvo-vaginale et les infections urinaires. Il a confirmé. Renseignements pris, de nombreux gynécologues n’abordent pas le sujet en consultation ou ne posent pas les bonnes questions. Si on vous demande comment ça va, il est fort probable d’obtenir la réponse "tout va bien" quand vous pensez que votre problème n’a pas de solution. Il est important de poser des questions plus précises aux patientes qui présentent des signes d’atrophie vaginale, comme par exemple: "Avez-vous des irritations? Des infections urinaires? Des douleurs ou de l’inconfort lors des rapports sexuels?".»
«J’ai suivi un traitement local à base d’œstrogènes pendant 15 jours. Actuellement, je suis ce traitement d’entretien à raison d’une ou deux fois par semaine, le soir avant le coucher. Cela a résolu mes deux problèmes: les rapports sexuels douloureux et les infections urinaires. J’ai essayé les ovules, mais ils fondent avant l’introduction vaginale lorsqu’il fait chaud. Je préfère la crème à base d’œstrogènes qui permet de mieux hydrater toute la zone vulvo-vaginale. Il y aussi moins de rejet avec la crème qu’avec les ovules. Le seul petit bémol est qu’il faut laver l’applicateur après chaque utilisation mais c’est très rapide.»
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Je me suis finalement décidée à appeler mon gynécologue, qui m'a proposé un rendez-vous une dizaine de jours plus tard. Il m'a également rassurée: après un petit bilan, il pourra sans doute déjà me proposer un traitement qui fera vite disparaître ces désagréments. Il m'a également expliqué que ce que je ressentais était tout à fait normal et sans danger.
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