Publié le 23/04/2014 à 12:19
On le sait, l'apparition de la sclérose en plaques (SEP) est favorisée par une subtile combinaison de prédispositions génétiques et de facteurs environnementaux. Selon une récente étude suédoise, le rôle joué par les gènes ne serait pas aussi important que ce que laissaient penser la plupart des recherches réalisées ces dernières années.
La sclérose en plaques (SEP) n'est pas liée à un seul gène. La maladie se développe à la faveur d'une combinaison de caractéristiques génétiques.
Cet assemblage de gènes peut se retrouver chez plusieurs membres d'une même famille. Les chercheurs se sont donc intéressés à la récurrence familiale de la SEP, c'est-à-dire au risque qu'un membre de la famille d'une personne atteinte de SEP développe aussi la maladie. Les informations récoltées dans le cadre de ces études permettent de mieux comprendre la SEP et ses mécanismes d'apparition.
Les recherches sur les liens entre SEP et facteurs génétiques sont légion mais une récente étude suédoise* attire particulièrement l'attention parce qu'elle se distingue des autres à plusieurs égards:
Les chercheurs ont basé leurs investigations sur les registres nationaux de la Suède. La quasi-totalité de la population du Royaume a été couverte et plus de 28.000 cas de SEP ont été passés au crible. Étudier cette population sans nulle autre pareille a notamment permis d'éviter les biais relatifs au recrutement des sujets.
D'après cette étude suédoise, le risque relatif de récurrence familiale est moins élevé que supposé dans une série d'études réalisées ces dernières années:
- Pour le proche d'une personne atteinte de SEP, le risque de développer la maladie est multiplié par 5 (s'il s'agit de l'un de ses parents) ou par 7 (s'il s'agit d'un frère ou d'une sœur). À partir du deuxième degré (petit-enfant, nièce ou neveu), le proche n'est pas plus exposé qu'un individu n'ayant aucun lien de parenté avec la personne malade.
- Il n'y a pas de différence significative dans le risque de transmission selon que ce soit le père ou la mère qui est atteint.
- L'environnement commun aux membres d'une même famille n'aurait pas d'incidence sur le développement de la SEP; c'est donc bien un ensemble de gènes qui seraient incriminés.
«Ces chiffres sont plus bas que ceux obtenus lors d'autres études mais ils correspondent à ceux que j'utilise dans ma pratique», commente le Pr Christian Sindic, neurologue aux Cliniques universitaires Saint-Luc. Et si le risque de développer la maladie est légèrement plus élevé chez le proche d'une personne atteinte de SEP, il reste relativement faible.
Les études portant sur le rôle des gènes dans la SEP s'intéressent en outre au taux de concordance entre jumeaux monozygotes (les «vrais» jumeaux, qui partagent le même bagage héréditaire). «On remarque que ce taux de concordance varie en fonction de la prévalence de la SEP dans la région étudiée. Plus cette prévalence est élevée, plus le jumeau d'une personne atteinte de SEP risque de développer la maladie», explique le Pr Sindic. «Il existe donc des disparités géographiques. C'est bien la preuve que des facteurs extérieurs, qui ne relèvent pas directement des gènes, interviennent et permettent à la maladie de se développer.»
Le Pr Sindic incite donc les proches des personnes atteintes de SEP à se montrer particulièrement attentifs à la prévention de ces éléments de l'environnement. «La bonne nouvelle c'est que l'on peut intervenir sur certains d'entre eux, comme les carences en vitamine D pendant l'enfance ou l'adolescence. On peut également agir sur d'autres facteurs favorisant la SEP comme le tabagisme et l'obésité», conclut-il.
Aude Dion
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