Publié le 19/05/2015 à 16:15
Deux traitements de fond sous forme orale viennent enrichir le paysage thérapeutique de la sclérose en plaques (SEP). Zoom sur l'arrivée de ces nouvelles molécules.
Formes orales pour traiter la SEP: le tériflunomide (Aubagio®)
Le tériflunomide (commercialisé sous le nom d'Aubagio) est disponible en Belgique depuis octobre 2014. Ce médicament se prend sous forme orale, à raison d'un comprimé par jour. «Son efficacité sur l'évolution de la SEP est comparable à celle des interférons bêta et de l'acétate de glatiramère, les traitements de fond de première ligne actuels», commente le Pr Christian Sindic, neurologue.
«Quant à ses effets secondaires, bien que gênants, ils sont pour la plupart sans gravité: troubles digestifs, selles molles, légère perte de cheveux ou cheveux plus fins (réversible après 3 mois de traitement), tendance à l'augmentation de la tension artérielle...»
«Néanmoins, le tériflunomide entraîne un risque d'hépatite médicamenteuse (atteinte du foie provoquée par le médicament) en début de traitement. Bien que cet effet secondaire grave soit rare, une surveillance médicale et biologique étroite est nécessaire durant les six premiers mois du traitement.»
«Enfin, le tériflunomide est proscrit en cas de grossesse. Alors que l'on recommande aux patientes sous interférons bêta ou acétate de glatiramère d'interrompre leur traitement par précaution lorsque leur test de grossesse est positif, celles sous tériflunomide doivent arrêter de prendre leur médicament avant même d'être enceintes.»
Formes orales pour traiter la SEP: le diméthyl fumarate (Tecfidera®)
Autre petit nouveau dans le paysage thérapeutique de la SEP: le diméthyl fumarate (commercialisé sous le nom de Tecfidera). Ce médicament est aussi pris par voie orale (deux comprimés par jour). À l'heure actuelle, le Tecfidera n'est cependant pas encore remboursé en Belgique.
«Il semble que l'efficacité de ce produit soit modérément supérieure à celle des traitements actuels de première ligne mais cette hypothèse doit encore être confirmée par des études de plus large ampleur», observe le Pr Sindic.
«Ce médicament est relativement bien toléré par les patients même s'il peut entraîner des troubles intestinaux et des bouffées de chaleur en début de traitement.»
«Bien qu'aucun effet secondaire grave(1) n'ait encore été rapporté, le diméthyl fumarate peut abaisser le taux de lymphocytes (globules blancs) dans le sang. Ce paramètre doit donc être surveillé chez les patients qui prennent ce traitement au long cours.»
Traitements oraux de la SEP: pour quels patients?
Le tériflunomide et le diméthyl fumarate sont des traitements de première ligne destinés aux personnes atteintes d'une SEP de forme rémittente (poussées - rémissions). Il s'agit de médicaments anti-inflammatoires, qui permettent de réduire la fréquence des poussées et l'évolution du handicap. «Nous ne pensons pas qu'ils puissent agir sur la phase progressive de la maladie», indique le Pr Sindic.
Ces médicaments peuvent être donnés soit à des personnes qui reçoivent un traitement pour la première fois, soit à des patients chez qui les traitements de première ligne actuels ne sont pas satisfaisants.
Traitements oraux de la SEP: la fin des injections?
«Pas si vite!», tempère le Pr Sindic. «Pour les interférons bêta (Avonex®, Betaferon®, Rebif®) et l'acétate de glatiramère (Copaxone®), qui s'administrent par injection, nous avons un recul de 20 à 25 ans. Nous connaissons les effets de ces molécules sur l'organisme. Nous sommes certains de leur innocuité: nous savons qu'elles sont dépourvues d'effets secondaires graves (cancers...) sur le long terme. On ne peut pas encore l'affirmer avec autant de certitude pour les médicaments qui viennent de faire leur apparition.»
À l'heure actuelle, il n'est donc pas question de tirer un trait sur les traitements injectables, d'autant plus que ces médicaments connaissent également des évolutions: «Des formes à longue durée d'action vont faire leur apparition en 2015», signale le Pr Sindic. «Ces produits permettront de diminuer la fréquence des injections: une toutes les deux semaines pour les interférons bêta et trois par semaine au lieu d'une tous les jours pour l'acétate de glatiramère.»
«L'ensemble de ces avancées est une preuve supplémentaire du dynamisme de la recherche dans le domaine de la SEP», se réjouit le Pr Sindic. «C'est probablement la maladie neurologique pour laquelle on observe le plus de progrès thérapeutiques depuis ces vingt dernières années.»
(1) exception faite d'un patient avec un taux effondré de lymphocytes
Aude Dion
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